Reportage Afrique

Les contes, sauvegarde du patrimoine oral au Sénégal

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Au Sénégal, les contes et les histoires sont une richesse, qui se transmet de génération en génération, sous l’arbre à palabres ou dans les cours des maisons. Mais l’espace et le temps accordés aux contes se sont faits de plus en plus rares, leur existence a même semblé être menacée, il y a quelques années. Mais à Dakar, une structure se bat pour conserver ces histoires.

La conteuse Oumy l'Africaine en représentation au centre culturel Blaise Senghor. Dakar, mars 2023.
La conteuse Oumy l'Africaine en représentation au centre culturel Blaise Senghor. Dakar, mars 2023. © RFI/Juliette Dubois
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De notre correspondante à Dakar,

Calebasse à la main, la conteuse Oumy l’africaine est venue interpréter un conte sur le mariage forcé devant une centaine d’enfants. Elle est l’un des visages d’une jeune génération de griots. Pour sa consœur Yacine, ces histoires sont essentielles pour véhiculer des valeurs morales. « Toujours s'entraider, cultiver la solidarité, avoir de la patience, ne pas être jaloux, cultiver toujours la paix intérieure en soi », énumère-t-elle.

Comme Oumy et Yacine, Moussa Kalamou était comédien avant de passer au conte. Mais le goût était là depuis longtemps. « Moi, j'aime le conte depuis que je suis petit. J’ai été élevé par ma grand-mère, c'est elle qui me racontait les histoires, j’ai grandi avec ça. En devenant artiste-comédien, je me suis dit “mais, attends, moi, j'ai quelque chose en moi ! »

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C’est la maison de l’oralité Kër Leyti de Dakar qui organise la représentation du jour. La structure qui existe depuis 2009 est très active : ses membres parcourent le pays pour récolter des contes. Mais leur rôle va plus loin. « C'est d'abord un travail de sensibilisation des communautés sur l'intérêt de sauvegarder ce qui reste en tant qu'élément du patrimoine immatériel avant que les possédants ne disparaissent du fait de leur âge », explique le professeur Massamba Gueye, créateur de Kër Leyti. Les contes sont enregistrés dans toutes les langues à l’aide de smartphone ou d’enregistreurs, et la mission continue de retour à Dakar. « Une fois que nous avons collecté ces contes-là, créer des podcasts, aller amener ces contes sur les réseaux sociaux pour permettre au public jeune d'en bénéficier », poursuit-il.

La maison de l’oralité édite aussi des livres de contes illustrés et propose des formations pour les apprentis conteurs. Oumy en a suivi une : « J'ai été là-bas. On a des résidences pour bien apprendre le conte, après c'est ça qui m'a poussé à bien intégrer dans le métier du conte. Il faut apprendre à le faire parce que ce n'est pas un métier comme les autres métiers. »

Pour que ce patrimoine oral continue à traverser les générations, le professeur Massène Sène, sémiologue, plaide pour que le conte ait sa place à l’école : « La transmission ne pourra être facile qu'avec les programmes scolaires. Il faut que les curriculars fassent de la place aux contes au même titre que les romans, que la poésie, c'est aussi simple que ça. C'est de la production littéraire. » Les enfants ce jour-là semblent déjà conquis. 

Écouter le podcast : L'Afrique en contes

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