Reportage Afrique

RDC: l'accès à la terre l'un des enjeux du conflit dans le Masisi? [1/3]

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Dans l’est de la RDC, le territoire de Masisi est réputé pour ses riches sous-sols en minerai et en espaces agricoles fertiles. L’accès à la terre est depuis l’indépendance source de conflits entre plusieurs communautés - les Hundés, les Hutus et les Tutsis. Des conflits qui impliquent bien souvent des milices dites d’autodéfense communautaires et l’armée. Et début 2023, la percée des rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) dans la zone a une nouvelle fois relancer les conflits fonciers locaux. 

Dans le Masisi, à flanc de collines, les champs se comptent par centaines.
Dans le Masisi, à flanc de collines, les champs se comptent par centaines. © AFP/Alexis Huguet
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De notre envoyée spéciale à Masisi,

Dans le Masisi, les rivières coulent et les paysages sont verdoyants. À flanc de collines, les champs se comptent par centaines. Les espaces cultivables n’y sont pourtant pas assez nombreux, explique Baniongu Kitobolo Jérôme, leader de la communauté Hundé du village de Nyabiondo. 

« Les gens ne trouvent vraiment pas à manger facilement puisqu'il y a un manque de champs et des conflits fonciers. Vraiment, ici, aujourd'hui, c'est tout un problème. Beaucoup de déplacés sont ici. Où est-ce qu'ils vont cultiver s'ils arrivent chez ses amis ? Ils demandent un petit champ. Ça amène des conflits. »

Un système de spoliation ancien

Mais les conflits fonciers dans le territoire n’ont pas démarré avec l’afflux de déplacés fuyant les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23). Dans une école qui lui sert d’abri depuis qu’il a abandonné ses terres en février dernier, François Xavier décrit un système de spoliation ancien : 

« Ce sont les riches qui envahissent et les pauvres, qui n’avaient rien, ils leur donnaient des vaches ou bien de l'argent pour corrompre. Et puis vous leur donniez votre champ. Puis, vous évacuez : ils vous amènent des militaires, ils vous évacuent dans votre concession. C'est une réalité et encore jusqu'à présent. »

Cercle vicieux

Car au conflit de classe et à l’accaparement des terres, s’ajoutent aussi la militarisation des rivalités depuis les années 1990 où des milices disent défendre les intérêts de leur propre communauté.

Un cercle vicieux pour les populations civiles, rappelle Voltaire Batundi Sadiki, président de la société civile locale. « Auparavant, il y avait une très grande population qui était dans le cas de déplacé, s'ajoute encore ce calvaire qui vient de s'augmenter suite aux différents affrontements qui ont eu lieu depuis l'entrée des éléments du M23 dans le territoire de Masisi. Ça a vraiment accentué le chaos. »

En mars dernier, 72 000 nouveaux déplacés ont été recensés dans le territoire par l’Organisation internationale pour les migrations. 

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