Reportage Afrique

RDC: dans le Masisi, les groupes armés toujours plus présents [3/3]

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Dans l’est de la RDC et précisément dans le territoire du Masisi, le départ annoncé des rebelles du M23 en avril n’est pourtant pas synonyme de fin du conflit. Les milices, déjà nombreuses dans la zone, sont désormais plus visibles qu’auparavant. Et cette présence inquiète les habitants.

À Nyabiondo, les éléments de la milice APCLS (Alliance pour un Congo libre et souverain) contrôlaient mi-avril la localité depuis leur fief perché sur les collines.
À Nyabiondo, les éléments de la milice APCLS (Alliance pour un Congo libre et souverain) contrôlaient mi-avril la localité depuis leur fief perché sur les collines. © RFI/C.Pierret
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De notre envoyée spéciale de retour de Masisi, 

Tsegihumva et sa femme sont installés devant leur cabanon. Le couple a fui les affrontements entre groupes armés et militaires congolais et s’est réfugié dans ce village de Busihe en laissant derrière eux leur maison et leur récolte. « Nos vivres ont été pillés », explique Jacques Rozier. « Et puis les cultures à maturité dans nos champs ont été pillés par les hommes armés », ajoute son épouse. Des vols commis par des miliciens ou des forces gouvernementales qui ont appauvri ces agriculteurs.   

À Masisi, les miliciens, auparavant combattus par l’armée congolaise, sont désormais visibles partout. Selon Human Rights Watch, certaines milices et militaires se sont alliés dernièrement pour repousser les rebelles du M23. Dans plusieurs localités du territoire, il n’est pas rare de croiser dans les rues ou au marché, des hommes armés, indique une autorité locale de Katalé qui n’a pas donné son nom : « Avant, c’était un peu calme, mais avec les derniers affrontements, les déplacés et la présence des hommes armés et des forces gouvernementales, ça a augmenté le niveau d’insécurité. » 

Plus de 1 000 vaches tuées ou volées 

Le nombre de pillages, braquages ou vols a explosé ces derniers mois, ajoute Téléphore Mithondeke, rapporteur de la société civile du territoire de Masisi : « Maintenant, il y a une prolifération de plusieurs groupes. On ne sait même plus qui chapeaute la sécurité dans cette région, ce qui paraît bizarre. Ça doit être éclairé. C'est pourquoi nous disons que cette région nécessite des mécanismes sécuritaires exceptionnels pour protéger à la fois la population et les gisements miniers, car c'est très important. Voilà pourquoi nous donnons notre voix à la mise en place de ce système sécuritaire bien défini pour que la population et les biens soient protégés. »

Selon l’association des éleveurs du Nord-Kivu, plus de 10 000 vaches ont été tuées ou volées par des miliciens dans le Masisi et le territoire voisin, le Rutshuru, toujours partiellement occupé par les rebelles du M23. 

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