Reportage Afrique

Belgique: «Résolution-Métis», où en est-on 5 ans après ?

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En 2018, la Chambre des représentants belge a adopté à l’unanimité une résolution sur les Métis de la colonisation. Onze demandes y étaient formulées au gouvernement fédéral concernant des réparations morales et administratives pour la ségrégation et la politique d’enlèvement dont ont été victimes les Métis d’Afrique centrale. Excuses officielles, recouvrement, des actes de naissance manquants, accès aux archives, où en est-on cinq ans après ?

Parmi les demandes de réparation, la délivrance d’actes de naissance aux métis vivant dans un vide juridique depuis leur placement dans des institutions religieuses en Afrique centrale, et pour certains leur envoi en Europe avec un statut d’orphelin.
Parmi les demandes de réparation, la délivrance d’actes de naissance aux métis vivant dans un vide juridique depuis leur placement dans des institutions religieuses en Afrique centrale, et pour certains leur envoi en Europe avec un statut d’orphelin. © Laure Broulard / RFI
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De notre correspondante à Bruxelles,

En 2019, Charles Michel, alors Premier ministre, reconnaît officiellement la ségrégation ciblée et la politique d’enlèvement forcé dont les Métis ont été victimes sous l’administration coloniale. Il leur présente les excuses du gouvernement, ainsi qu’à leurs familles.

Des excuses accueillies avec soulagement par Eveline Schmit, Mmétisse née au Rwanda dans les années 1950. « J’ai été extrêmement touchée par ces aveux, ces excuses. Mais là où cela m’a touché le plus, c’est la partie sur nos mères. Parce qu’enlever des enfants de bas âge à leur mère, cela doit occasionner beaucoup de souffrance. »

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L’importance des actes de naissance

Parmi les autres demandes de réparation, la délivrance d’actes de naissance aux Métis vivant dans un vide juridique depuis leur placement dans des institutions religieuses en Afrique centrale, et pour certains leur envoi en Europe avec un statut d’orphelin. Une dizaine d’actes ont été délivrés jusqu’ici, principalement en région flamande.

Une avancée importante selon François d’Adesky, cofondateur de l’association métis de Belgique. « La moyenne d’âge des Métis, c’est 75 ans. Si vous n’avez pas d’acte de naissance, ça cause des problèmes : vous ne pouvez pas vous marier si vous n’avez pas d’acte de naissance. Et si vous avez des héritiers, le notaire n’ouvre pas la succession s’il n’y a pas d’acte de naissance. Et puis, sur le plan psychologique, ne pas avoir d’acte de naissance veut dire que vous avez été un fantôme toute votre existence ! » 

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Le besoin d’une « assistance psychologique »

Accès facilité aux archives, nouvelle recherche historique sur la question. François d’Adesky estime que la quasi-totalité des demandes est en cours de réalisation, à l’exception de l’érection d’une stèle commémorative sur cette partie de l’histoire coloniale belge.

De son côté, Assumani Budagwa, citoyen belge d’origine congolaise, auteur d’un ouvrage de référence sur les Métis, considère que le processus traîne et ne va pas assez loin. « Il y a des Métis qui souffrent psychologiquement de cette ségrégation encore aujourd’hui. Ils ont besoin d’assistance psychologique. Que fait-on pour eux ? Sur la réparation pour les mères encore en vie : aucun effort n’a été fait pour rechercher les mères. Le point sur l’enseignement de l’histoire... Il n’y a rien de concret qui est fait ! »

Reste la question polémique des réparations financières, non prévues par la résolution, mais déjà demandées par cinq femmes métisses. Restent également les revendications des associations de Métis restés en Afrique qui demandent la nationalité belge.

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