En Centrafrique, les habitants de la Vakaga, préfecture située au nord-est du pays, font face ces derniers mois à une recrudescence des violences et de l'insécurité. Chassés de Birao par l’armée nationale et ses alliés en 2020, des hommes armés opèrent désormais par petits groupes et en mode coupeurs de routes. Il est risqué de circuler au-delà de 20 km de Birao sans être escorté par des forces loyalistes et des soldats onusiens. Commerçants, cultivateurs et même les agents de l'État se font régulièrement braquer.

De notre envoyé spécial à Birao,
Tout au long des 12 km de route qui mène à l'aérodrome de Birao, les habitants vivent comme dans une prison à ciel ouvert. Les quelques commerçants que nous croisons, marchent d’un pas pressé… la peur au ventre. Les hommes armés sont partout dans la brousse, ils peuvent surgir à tout moment pour commettre leurs exactions.
« J’ai été braqué ici, il y a deux semaines », explique Israël, un commerçant. « Un autre commerçant a aussi été dépouillé de ses marchandises il y a trois jours. Tous les jours, on tombe dans les filets de ces malfrats. Ils nous prennent des sommes d'argent, des marchandises et ils nous violent aussi. Si tu veux t'opposer à eux, ils te torturent et te tuent. On est en danger de mort, mais on n'a pas le choix. »
Pas de pistes précises
Quelques mètres plus loin, nous pénétrons dans une forêt dense. Il y règne un silence de mort. Il n'y a pas de pistes précises, mais les agriculteurs, commerçants et passants cheminent entre les arbres, les hautes herbes et traversent des mares d'eau avec des ânes surchargés de marchandises.
« Le conflit soudanais nous a causé beaucoup de problèmes », raconte Hilaire, un agriculteur. « C’est la période des récoltes. Je dois ravitailler la ville avec le manioc, l’igname, l’arachide, le maïs et des légumes. Si je reste à la maison, les gens vont mourir de faim. Je suis obligé de prendre les risques. C’est pourquoi je demande au gouvernement de voler à notre secours. »
Les autorités locales garantes de la sécurité
Les forces armées centrafricaines sont en sous-effectif et n'ont pas les moyens de faire des patrouilles dans les villages périphériques. Pour l'instant, les autorités locales se contentent de garantir la sécurité qui règne à Birao-Centre. « Dans la ville de Birao, il y a la sécurité. Vous allez trouver les FACA [forces armées centrafricaines, nldr], FSI [forces de sécurité intérieure, nldr], et la force Minusca qui est présente dans la ville », assure David Margoé, le secrétaire général de la préfecture de Birao.
Ces trois derniers mois, la frontière centrafricano-soudanaise est devenue poreuse, ce qui favorise la circulation des armes et des bandits dans la Vakaga. Les hommes armés dictent leurs lois... La circulation des biens et des personnes est gravement menacée.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne