Maurice: le plastique à usage unique disparaît progressivement
Publié le :
Après des décennies de campagnes peu fructueuses contre l’usage du plastique à Maurice, les autorités reviennent avec un projet qui a l’air d’être plus consistant. Depuis janvier 2021, une liste de dix produits plastiques est interdite dans l’île. L’impact n’est pas encore pleinement mesurable, mais il semble qu’un mouvement anti-plastique soit enfin en marche dans une île où, tous les ans, 70 000 tonnes de plastiques se retrouvent dans les centres d’enfouissements de déchets.

De notre envoyé spécial à Port-Louis,
Maurice produit 540 000 tonnes de déchets par an dont 14 % sont constitués de produits plastiques. Après une très longue période de laisser-aller, l’île a adopté en janvier 2021 un plan d’élimination graduelle de ces matières polluantes. Les premières observations sont encourageantes pour le ministre de l’Environnement, de la gestion des déchets et du changement climatique, Kavy Ramano : « Cette pollution a sensiblement diminué, surtout au niveau des fast-foods, etc. L’application de notre politique anti-pollution plastique continue. »
Depuis deux ans et demi, dix produits grand public sont interdits, dont des couverts en plastique, les sacs plastiques et les emballages alimentaires. Maurice a cherché en premier lieu à convaincre les fabricants. « Très souvent, constate Kavy Ramano, dans cette société de consommation que nous sommes en train de vivre, c’est la question de rentabilité qui est l’enjeu majeur de toute entreprise, mais il faut que la mentalité change au niveau des entreprises et qu’elles considèrent aussi cette question de recyclabilité. »
De nouveaux réflexes technologiques
Nous sommes chez PIM Limited, une usine de produits plastiques installée dans la zone portuaire. Équipée d’immenses entonnoirs et de mélangeurs notamment, elle a adopté les dernières technologies de soufflage et d’injection de plastique. Cette entreprise historique, vielle de 52 ans, a fait le pari du tout recyclable depuis 2016. Ici, insiste son directeur général Eric Corson, on pense au recyclage dès la conception d’un produit : « 80 % de l’impact environnemental sera décidé au moment de la conception du produit. Nous engageons dès le départ des discussions avec nos clients, nous lui prodiguons des conseils, des conseils d’éco-conception. Cela peut aller par exemple de la dimension d’une bouteille, de l’épaisseur d’un plastique, comme de la hauteur d’une bouteille. Plus la bouteille est haute, plus la dimension du carton d’emballage est importante. Si on arrive à optimiser tout cela, cela fait moins de déchets plastiques et de carton. »
Devenu un défenseur d’un usage plus réfléchi du plastique, le patron de PIM a fait peindre sur une toute façade de son usine sur fond des couleurs du drapeau mauricien le slogan « Repenser le plastique dans un monde qui change ».
Investir pour recycler davantage
Cependant, Maurice assiste à l’apparition de nouveaux composants dans les emballages plastiques importés. Cela représente un défi constant pour les recycleurs. DKD limitée, une entreprise installée dans le village de l’Avenir, recycle jusqu'à 42 tonnes de plastiques par mois. Son directeur, Herwin Coret, a dû chercher de nouveaux moyens : « Il y a beaucoup de plastique à Maurice. On voit qu’il y a d’autres types de plastiques qui font leur apparition sur notre marché. C’est pour cela que cette année-ci, on a décidé d’investir massivement, pour pouvoir recycler d’autres types de plastiques qui rentrent à Maurice actuellement. »
Les opérateurs économiques de Maurice ont appel au service du cabinet réunionnais Qualitropic. Outre sa spécialisation dans la bioéconomie tropicale et ses conseils scientifiques, cette société met en réseau des acteurs régionaux pour les aider à trouver des produits communs transformables.
À lire aussiMaurice: Pamplemousses, un village marqué par l'histoire de l'esclavage
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne