Reportage Afrique

Cameroun: des points d’eau pour apaiser les tensions entre Arabes Choas et Mousgoum

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Dans la région de l'extrême nord du Cameroun, le conflit opposant les Arabes Choas aux Mousgoum, a fait plusieurs dizaines de morts, des centaines de blessés et environ 100 000 déplacés entre 2021 et 2022. À l'origine du conflit, la difficulté d'accès à l'eau et à ses ressources. Dans la localité de Blabine, dans le Logone-Birni, les deux communautés vivent à moins d'un kilomètre l'une de l'autre. Le comité de la Croix-Rouge a construit des points d'eau dans l'espoir d'apaiser les tensions.

La Croix-Rouge internationale a mis en place des abreuvoirs pour apaiser les tensions liées à l'eau dans l'extrême-nord du Cameroun.
La Croix-Rouge internationale a mis en place des abreuvoirs pour apaiser les tensions liées à l'eau dans l'extrême-nord du Cameroun. © france24.com
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Un air de musique trouble le silence de ce petit village d'éleveurs, assis sous un arbre un groupe d'hommes sieste, plus loin des femmes vaquent à leur occupations, signe que la  vie reprend à Blabline. Il y a quelques mois, cette localité du Logone-Birni, avait été détruite, dans un conflit entre Arabes Choas et Mousgoum. Mahamat Ojuru, éleveur, a récupéré sa case après plusieurs mois d'exil : « Le conflit était violent. J'avais pris la fuite pour sauver mes bêtes. Je suis revenu ici pour mes enfants, nous sommes habitués à vivre ici. La construction d'un point d'eau ici a aussi pesé. »

L'accès à l'eau et à ses ressources est à l'origine de ce conflit. Traditionnellement, les Mousgoum font de la culture maraîchère le long du Logone, fleuve dans lequel ils pêchent aussi du poisson, rendant le fleuve inaccessible par zones, aux éleveurs arabes chaos réputés nomades. Face à la désertification et la rareté des pâturages, ils veulent aussi exploiter les ressources du Logone. François est un jeune pêcheur Mousgoum : « À Oulomza, les arabes sont entrés avec les bœufs dans les champs des Mousgoum pour manger des oignons. C'est comme ça que le conflit a commencé. Il y a eu 4 ou 5 morts des deux côtés. »

Calmer les tensions

Ici à Blabine les deux communautés vivent à moins d'un kilomètre de l'autre. Pour apaiser les tensions, des points d'eau potable pour hommes et animaux créés par la Croix-Rouge internationale, limitent le déplacement des personnes et des bêtes. Mariamou, mère aux foyer, témoigne : « L'eau a calmé les tensions. Aujourd'hui c'est la nourriture pour nos bêtes qui pose problème. Avec les Mousgoum, on n'a pas de problème, si on se rencontre dans la rue on se dit bonjour sans soucis. »

Pour faire fonctionner les points d'eau, un règlement a été établi. Le Blama du village Blabine, une sorte de chef traditionnel est chargé de veiller au respect de cette organisation : « Les femmes et les enfants s'occupent du lavage tous les 15 jours. Toutes les communautés ont accès à l'eau. Grâce à cela on a évité de passer par les champs des agriculteurs. »

Pour le Blama, d'une certaine façon, l'eau a ramené la paix dans sa localité. Ici à Blabine, même si on observe un peu de méfiance en discutant avec les populations, les deux communautés semblent avoir trouvé un compromis grâce à ces points d'eau construits dans le village.

Dans le Logone-Birni, le conflit opposant les Arabes Choas aux Mousgoum a fait plusieurs dizaines de morts, des centaines de blessés et environ 100 000 déplacés.

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