Les séries télés qui ont fait le buzz [1/4]: Yizo Yizo de retour sur Netflix
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En Afrique du Sud, une série télé phare des années 2000 refait actuellement surface dans les foyers. Depuis avril, la plateforme Netflix diffuse les trois saisons de Yizo Yizo, réalisée par Angus Gibson et Teboho Mahlatsi, et dont l'histoire dépeint la vie dans les écoles défavorisées juste après l'effondrement de l'apartheid et la naissance de la démocratie. Créée, à l'époque, en collaboration avec le ministère de l'Éducation, cette série est désormais devenue un objet de la pop-culture des townships.

L'histoire suit la vie d'adolescents qui terminent leurs études au sein du lycée fictif de Supatsela, dans un township de Johannesburg. Une façon d'aborder de nombreux sujets de société, comme les châtiments corporels, le harcèlement, les viols, ou encore les problèmes de santé mentale. « C'était la première fois qu'on voyait quelque chose comme ça à la télé, où on pouvait s'identifier, car ces images, on pouvait les voir dans la rue, se remémore Hlonolo, fan de la première heure qui aime se replonger dans cette série culte. Ça me rappelle bien des souvenirs, c'était la meilleure chose à la télé à l'époque. »
Après de longues recherches, les créateurs de Yizo Yizo se sont servis d"histoires vraies recueillies dans les écoles des townships pour donner le plus de réalisme possible à leur série. « Après la fin de l'apartheid, ceux qui le pouvaient ont envoyé leurs enfants étudier hors des townships, explique Angus Gibson, l'un des coréalisateurs. Ces parents qui avaient les moyens ont donc arrêté de soutenir les écoles locales qui ont vu leurs infrastructures et tout le reste se dégrader. L'idée de la série était de lancer une conversation autour de cette crise dans les townships. Très régulièrement, on me parle encore de cette œuvre. Ça a, d'une certaine façon, touché une corde sensible dans le pays, et cela continue. »
La série avait choqué lors de sa diffusion pour son récit cru et au sein de l'ANC, certains l'ont accusé de pervertir la jeunesse qui s'identifiait aux mauvais personnages. « Elle a été créée à une époque pleine d'espoir, analyse Siven Maslamoney qui supervisait les programmes éducatifs des chaînes de la SABC au moment de sa diffusion. Mais si l'Afrique du Sud était alors célébrée, il y avait derrière cela d'énormes problèmes à régler. Je pense que les plus âgés ont été blessés de voir des personnes noires représentées sous leur mauvais jour. Nous avons été convoqués devant un gouvernement local, puis le Parlement national. Une partie du succès de la série est justement d'avoir provoqué un débat autour de ce que l'on doit montrer ou non à la télé. »
Lerato, 21 ans, était trop jeune pour regarder Yizo-Yizo à l'époque, mais elle se rattrape désormais avec la rediffusion. « J'ai longtemps entendu des gens en parler, mais je ne l'ai vu que récemment, raconte la jeune fille. C'est bien, cela reflète comment c'était à cette période. Et c'est toujours très suivi, les gens utilisent encore des surnoms de la série, car quand c'est diffusé, ils se rassemblent et la regardent ensemble. »
Les choses ont changé au sein des écoles, mais certains sujets abordés, comme la question des violences faites aux jeunes femmes ou l'attrait pour les gangs, restent encore d'actualité.
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