Reportage Afrique

Diasporas africaines en Afrique[1/3]: en Égypte, les Soudanaises du Caire

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280 000 personnes ont fui le conflit soudanais vers l'Égypte, selon les derniers chiffres communiqués par le Haut-Commissariat aux réfugiés. Beaucoup s'installent dans les quartiers en périphérie du Caire, en espèrant y trouver l'aide de leurs compatriotes arrivés là depuis des années. Parmi les réfugiés, une majorité de femmes, rentrées dans le pays, seules avec leurs enfants. Au nord de la mégapole, celles qui ont fui la guerre, il y a quelques semaines, se retrouvent dans un petit salon de beauté du quartier d'Aïn Shams.

Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi (à droite), s'entretient avec Fatima (au centre), une réfugiée soudanaise, à la frontière de Qoustul dans le sud de l'Égypte.
Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi (à droite), s'entretient avec Fatima (au centre), une réfugiée soudanaise, à la frontière de Qoustul dans le sud de l'Égypte. © HCR/Pedro Costa Gomes
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Quelques banquettes installées dans une petite pièce sans fenêtres, des accessoires de coiffure accrochés au mur, le modeste salon de beauté d’Aziza est devenu un point de repère pour ses compatriotes soudanaises. Elles se retrouvent entre « sœurs », et tentent d'oublier, le temps d'une coiffure ou d'un tatouage au henné, la douleur de la guerre et de la migration forcée.

« Ici, c’est un salon soudanais, on fait du henné, des épilations, des coiffures rastas… à la soudanaise ! c’est mieux que n’importe quel autre travail, je me sens un peu comme au Soudan », explique Aziza l’esthéticienne qui dessine quelques fleurs au henné sur la cheville de Mariam, une jeune cliente.  Elle est arrivée en Égypte en juin après avoir fui la guerre au Soudan : « Le Soudan c’est comme ma mère, l’Égypte, disons que c’est une tante, mais je suis bien ici au salon, entre femmes, je fais du henné pour me sentir encore femme, oublier un peu les soucis et le stress. » Mais très vite, ses pensées vont à sa famille restée au pays : « Mes frères m’ont contactée hier de Khartoum, le réseau téléphonique est très mauvais et il y a d’importants raids aériens. Je suis là, mais mon cœur n’est pas serein, j’ai laissé mes parents et mes frères là-bas. »

Le salon devient un lieu d’entraide

Les clientes du salon sont toutes dans le même cas, arrivées ici, il y a quelques mois sans leur mari. Salma ne s’en sort plus financièrement : « Mon mari n’a pas obtenu de visa d’entrée, pour d’autres les passeports étaient coincés dans les bureaux fermés. J’ai six enfants avec moi ici, je veux leur offrir une belle vie, mais je n’ai pas d’argent. »

Alors le salon devient un lieu d’entraide. Les plus anciennes aident les nouvelles, si elles entendent parler d’un emploi ou d’un hébergement : « Je viens ici pour retrouver mes sœurs », lance l'une d'elle. « Elle vient demander de l’aide pour trouver un appartement », explique une autre.

À quelques rues du salon, Alnoor dirige l’association Dajo d’aide à la communauté soudanaise : « La majorité de nouveaux arrivants depuis le 15 avril, ce sont des femmes qui ont laissé leur mari au Soudan. Avant le conflit aussi d’ailleurs, ajoute Alnoor. Ces mères de famille étaient aidées par leurs familles restées au pays, mais il n’y a plus de travail là-bas à cause du conflit. Cette catégorie de femmes souffre beaucoup du tarissement des ressources financières. »

Son association va prochainement proposer des formations dédiées aux femmes en propos des   cours d’anglais, d’informatique, de coiffure et de tatouage au henné.

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