Reportage Afrique

Centrafrique: à Bangui, l'appel de victimes pour mettre fin aux «voleurs jaguars» [1/3]

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En Centrafrique, ils sont devenus un cauchemar pour les Banguissois, car ils ont l’habitude d’arracher téléphones et sacs à main. Il s’agit des voleurs jaguars, une expression courante pour désigner le vol à l’arrachée. Des braqueurs utilisant des motocyclettes pour agresser les passants dans les rues à la tombée de la nuit. Cette forme de banditisme s’est accentuée ces dernières semaines dans la capitale. Dépassées, les victimes appellent les autorités judiciaires et militaires à une action rapide pour y mettre fin. 

Une femme marche dans la rue à Bangui, en Centrafrique. Les femmes sont les principales victimes des « voleurs jaguars » (photo d'illustration).
Une femme marche dans la rue à Bangui, en Centrafrique. Les femmes sont les principales victimes des « voleurs jaguars » (photo d'illustration). © Getty Images / Thomas Koehler
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De notre correspondant à Bangui,

Il n’est pas encore 20 heures. Alors qu’il revient d’une visite familiale, Brillant Ndakpanga marche tout seul sur l’avenue Conjugo de Bangui. Il s’apprête à traverser le pont de l’Unité lorsqu’une moto arrive derrière lui. Parvenu à sa hauteur, le conducteur tente de lui arracher son téléphone pendant qu’il est en pleine conversation téléphonique. Choqué, Brillant raconte cette mésaventure.

« J’ai échappé à ça parce que j’ai été prudent. J’en appelle à la prudence de tout un chacun afin de ne pas en faire les frais », alerte-t-il. « En tout cas, c’est de la délinquance. La manière à laquelle ils opèrent doit nous interpeller. Étant donné que c’est un vol, si jamais ils tombent dans le filet de la justice, je pense que le mode opératoire pourrait servir dans le cadre d’une circonstance aggravante. La sanction pourrait servir de leçon aux autres. » 

À la nuit tombée

Ces voleurs jaguars opèrent tous les soirs, avec des stratégies dignes d’un film d’action. Ils se postent généralement sur une ruelle, une avenue ou dans un couloir dans le noir avant d’attaquer leurs proies. Stève a déjà assisté à une scène pareille.

« Ils étaient deux sur une moto. En passant, le conducteur a coincé une fille qui était au bord de la route », explique-t-il. « Ils ont arraché son sac et la fille a crié au voleur. Heureusement qu’on a pu les attraper. On a récupéré le téléphone et ça s’est tourné en vinaigre parce que les voleurs ont été sauvagement battus. Je pense que la police doit faire son travail. Nous sommes dans un État de droit. Ils doivent s’organiser pour mettre de l’ordre dans la ville et mettre ces jeunes voyous hors d’état de nuire. »

Les femmes, cibles privilégiées

Certains voleurs jaguars utilisent également des armes pour menacer leurs victimes. Les femmes sont les cibles privilégiées, car elles sont les plus vulnérables. Début septembre, Myriam a été victime. 

« Ce jour-là, je rentrais du travail », se souvient Myriam. « Il nous a agressées, moi et ma grande sœur. Il a pris mon téléphone et il nous a battues. En tout cas, ce n’est pas normal et c’est triste parce qu’il n’y a que les jeunes qui font ça. Présentement, j’ai peur de me promener la nuit, on peut toutefois me violer, car dans l’insécurité tout est permis. »

Tous les soirs, une dizaine de vols à l'arraché sont signalés dans les rues de Bangui. Ces bandits sont souvent traqués par l'Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB). Pour cette année 2023, selon une source judiciaire, plus de 20 présumés voleurs jaguars inculpés à la prison centrale de Ngaragba attendent d'être jugés.

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