Reportage Afrique

Tunisie: une exposition qui célèbre l'histoire du textile traditionnel

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En Tunisie, l’exposition Hirafen propose une plongée dans l’artisanat tunisien, revisité par des artistes contemporains. Leurs travaux montrent l’importance patrimoniale, sociale, économique et environnementale de l’artisanat dans le pays. C’est à Denden, à l’ouest de Tunis, dans un complexe de l’Office national de l’artisanat tunisien, que l’on peut voir les œuvres de l’exposition financée par Talan, un groupe international de conseil spécialisé dans la transformation et l’innovation, grâce à la technologie.

Talan l'Expo: «Hirafen» - Du 4 novembre 2023 au 20 mars 2024, à Tunis.
Talan l'Expo: «Hirafen» - Du 4 novembre 2023 au 20 mars 2024, à Tunis. © Talan
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De notre correspondante à Tunis,

Dans un espace de 2 000 mètres carrés, des installations d’art contemporain accueillent les visiteurs. Un coup de neuf apporté à cet ancien centre public de tissage et de textile, qui a aussi été un complexe de filature de laine puis une station de lavage de tapis. Lors d’une visite guidée, Nadia Jelassi, l’une des commissaires de l’exposition, raconte la rénovation des lieux : « Il n'y avait pas de toit d’abord ici, tout était crado parce que c’était un nid de pigeon. Donc, on a refait le toit, les fenêtres, toute l’étanchéité. »

L'urgence de transmettre les savoir-faire traditionnels

Cette restauration est en lien direct avec la thématique de l’exposition qui pousse des artistes contemporains à faire sortir de l’oubli l’artisanat tunisien, matière première de leurs travaux. Comme l’indique le titre, Hirafen, un néologisme entre « Hirafi », qui veut dire artisan en arabe, et « fan », le mot qui signifie l’art.

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Aïcha Gorgi, galeriste, a chapeauté le projet : « Je vois que les artistes tunisiens ont une méconnaissance totale de leur propre culture, c’est-à-dire de leur propre artisanat. Donc, c’était intéressant de les confronter avec leur propre savoir-faire. L’artisan, je trouve aussi qu’il ne collabore pas. Il a collaboré pendant très longtemps avec des artistes et plus du tout aujourd’hui. Donc, il y a une espèce de perte d’un côté et de l’autre ».

Une « question écologique »

En Tunisie, le secteur de l’artisanat représente 5% du PIB et assure près de 400 000 emplois, mais ces savoir-faire ancestraux disparaissent peu à peu faute de transmission, selon Nadia Jelassi, l’une des commissaires de l’exposition : « Par exemple, pour tout ce qui est le travail de la Jebba, le plus jeune artisan de la Jebba a 76 ans. Donc, si on ne documente pas tout, ce sera problématique, donc j’espère que cette exposition va aider un petit peu à créer ce choc ».

Dans l'une des deux salles sont suspendues des îlots tissés en alfa, une fibre végétale. L’œuvre représente l’archipel de Kerkennah, à l’est du pays. Pour Ludovic Delalande, un des commissaires, il faut aussi s’interroger sur l’après, car les matériaux utilisés par les artisans sont aujourd’hui menacés par le réchauffement climatique : « Ce qui est intéressant, c'est qu’il y a vraiment cette question écologique qui est très présente. Comment travailler, tisser, si on n'a plus les matières avec lesquelles on a toujours travaillé ». Près d’une vingtaine d’artistes de 13 nationalités différentes sont à découvrir à l’exposition jusqu’au mois de mars 2024.

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