Reportage Afrique

RCA: à Kaga-Bandoro, l'humanitaire laisse la place au développement

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La paix est revenue à Kaga-Bandoro, dans la Nana-Gribizi, cette région située au centre de la Centrafrique, après plusieurs années de crise sécuritaire. Les principaux camps de personnes déplacées internes sont fermés et les occupants regagnent progressivement leurs quartiers, villages et villes respectives. Alors que les besoins humanitaires sont en baisse, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) et le gouvernement centrafricain ont effectué une mission dans cette localité pour évaluer la situation et poser les bases d'un développement durable. 

À Kaga-Bandoro, en RCA, la paix est revenue après des années de crise sécuritaire dans la région.
À Kaga-Bandoro, en RCA, la paix est revenue après des années de crise sécuritaire dans la région. © RFI / Rolf Steve Domia-leu
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De notre envoyé spécial à Kaga-Bandoro,

À perte de vue, des abris de fortune : le camp de Lazaret est l'un des plus importants de Kaga-Bandoro. Plus de 8 000 personnes y vivaient au temps fort de la crise et, aujourd'hui, le site abrite plus de 5 600 âmes. Julienne, 37 ans, revient du forage avec un bidon d'eau sur la tête : « Cela fait sept ans que je vis dans ce camp de fortune. Mon village a été incendié par des hommes armés, explique cette mère de six enfants qui porte une cicatrice sur la joue gauche. Celle-ci lui fait encore mal. Nous avions fui à travers la brousse, à pied, pendant deux semaines pour arriver ici. Dieu merci, nous sommes en sécurité dans ce camp et nos besoins essentiels sont pris en compte. »

Au quartier Abaka, dans le 5ème arrondissement de Kaga-Bandoro, Célestin et ses neuf enfants mangent la feuille de manioc préparée dans le salon de leur nouvelle maison. « Ce sont les humanitaires qui ont réhabilité ma maison. Ma petite case en paille a été brûlée par des rebelles. Maintenant, j'ai une grande maison de trois chambres construite en brique cuite et en tôle, se réjouit-il. Mes besoins humanitaires ont diminué, je cherche à créer une activité génératrice de revenus pour aller vers le développement. »

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« 46 % de la population centrafricaine a encore des besoins humanitaires »

L'Organisation internationale des migrations (OIM) et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés  (HCR) ont facilité le retour des personnes déplacées internes en construisant un millier de maisons dans la préfecture. « En tant qu'humanitaires, notre souhait, c'est que la population et le gouvernement aient moins besoin de nous, explique Mohamed Ayoya, coordonnateur humanitaire. Nous voyons les besoins humanitaires qui baissent, nous allons continuer à faire ce travail de résilience, de relèvement, pour faire en sorte que le pays transite de l'humanitaire vers le développement. Mais [les besoins] restent encore importants, car on parle de 46 % de la population centrafricaine qui a encore des besoins humanitaires. »

Et pour soutenir ces personnes, le gouvernement centrafricain a mis en place un plan de développement durable. « La vision du chef de l'État, c'est le développement, et c'est pour cela qu'avec la Minusca [Mission des Nations unies en RCA], le Pnud [Programme des Nations unies pour le développement], le HCR et les autres partenaires, nous avons validé la Stratégie nationale des solutions durables, qui prend en compte les personnes vulnérables, indique Josiane Bemaka-Soui, la ministre de l'Action humanitaire. C'est la même vision dans l'humanitaire, d'aller vers le développement. »

Presque tous les habitants rencontrés ne souhaitent plus revivre les atrocités du passé.

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