C’est une maladie méconnue. La leishmaniose est pourtant endémique dans une dizaine de régions du Kenya. On la trouve aussi en Ouganda, Éthiopie, Soudan et Soudan du Sud. Elle se transmet par piqûres de phlébotomes, un petit insecte que l’on retrouve notamment dans les fourmilières. Sous sa forme viscérale, la leishmaniose est mortelle dans plus de 95% des cas, si elle n’est pas traitée. Les traitements actuels sont longs et douloureux. Faire face à la maladie reste un défi dans les régions reculées d’Afrique de l’Est.

Reportage de notre envoyée spéciale de retour d’Amudat
Le jour se lève à Amudat, en Ouganda, à la frontière avec le Kenya. Dans le dortoir de l’hôpital principal, c’est l’heure du traitement pour les patients atteints de leishmaniose viscérale. Deux injections quotidiennes pendant 17 jours.
Stacey a huit ans. Elle pleure en voyant arriver l’infirmier. Christine, sa mère : « Chaque matin, c’est la même chose, elle me dit "j’ai mal maman". Tous les jours, elle pleure pendant trente minutes, elle a du mal à marcher après. »
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Dans cette région reculée de l’Ouganda, les communautés sont pastorales. Les populations bougent avec leurs troupeaux, les enfants jouent en plein air et se font piquer par des phlébotomes, ces petits insectes qui transmettent la leishmaniose. Christine : « J’ai remarqué que Stacey a commencé à avoir de la fièvre, à se sentir faible, elle a perdu du poids, elle n’avait plus d’appétit, elle avait des difficultés à respirer. Elle ne dormait pas bien, car elle avait chaud puis froid. Donc, on a fini par l’emmener à l’hôpital. »
Le traitement actuel pour la leishmaniose est coûteux. L’hôpital d’Amudat le propose, grâce au soutien d’une ONG suisse, DNDi. Stacey habite à plusieurs heures de marche. Elle dort donc à l’hôpital. Comme la plupart des patients. Andrew Ochieng est travailleur de santé. Il transporte régulièrement les malades avec sa moto : « Le problème, c’est que les enfants tardent à être pris en charge. Quand ils habitent au village, à 80 km de l’hôpital, leurs familles se tournent d’abord vers la médecine traditionnelle. Le risque, c’est de perdre l’enfant. Car il est traité avec des herbes. Ou on lui donne du sang de chèvre quand il est anémique. Et quand j’arrive sur place, l’enfant est souvent très faible. »
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Une fois les malades pris en charge, le traitement aussi peut présenter des risques. C’est ce qu’explique le docteur Patrick Sagaki, directeur de l’hôpital d’Amudat : « À l’heure actuelle, les médicaments que nous utilisons sont très toxiques. L’un, le sodium stibogluconate, peut affecter le cœur, le foie, les reins ou le pancréas chez les personnes âgées. La paromomycine, elle, peut entraîner des problèmes d’ouïe. »
Parce qu’il est coûteux, à risques et difficile à administrer, beaucoup attendent le développement d’un nouveau traitement pour la leishmaniose viscérale. Des recherches sont justement en cours.
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