Reportage Afrique

Centrafrique: l'importance du dépistage dans un pays où le cancer du sein est méconnu

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En Centrafricaine, le cancer du sein reste largement méconnu. Pourtant, de nombreuses femmes en souffrent sans en avoir conscience, ne découvrant la maladie qu’à un stade critique, souvent trop tard pour une prise en charge efficace. Ces dernières années, le cancer du sein a causé de nombreux décès parmi les femmes du pays. C’est dans ce contexte alarmant que Mylène Limbio, elle-même ancienne patiente atteinte de cette maladie, a décidé de fonder l’association Ô Fil des Femmes. Son objectif pour lutter concrètement contre cette maladie : sensibiliser la population, informer les femmes sur les risques, les symptômes et l’importance du dépistage précoce.

L'association Ô fil des femmes, en pleine séance de sensibilisation à l'hôpital général de Bangui.
L'association Ô fil des femmes, en pleine séance de sensibilisation à l'hôpital général de Bangui. © Rolf Steve Domia-Leu/RFI
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La chambre 12 de l'hôpital général de Bangui est baignée d’une lumière douce. Docteur Clémence Sylvie Djabanga, cheffe du service de cancérologie, s’approche du lit où repose une patiente récemment diagnostiquée. Tout comme les autres malades, son état est critique. 

 « Tout revient à la consultation tardive. Quand elles viennent, la maladie est déjà avancée. Le cancer envahit les poumons, envahit le foie et les os. Donc, il y a déjà des complications. Quand c'est comme ça, ce n'est plus la guérison qu'on recherche, mais un meilleur mode de vie pour améliorer le confort de vie de la patiente, pour attendre son dernier jour. C'est rare que je suive une femme pendant deux, trois ans. Elles succombent toujours avant », commente le docteur. 

Assise dans un fauteuil en rotin, à l'intérieur de son restaurant, Mylène Limbio a eu la vie sauve grâce à une auto-palpation. Elle explique : « J'ai ressenti des boules et j'ai commencé à avoir des doutes. J'ai aussitôt fait des examens et on m'a diagnostiqué un cancer du sein. J'ai eu ma première opération le 20 juillet 2020. Quand on subit une ablation, oui, c'est un choc, mais c'était nécessaire. Quand on a un moral d'acier, on se bat pour avancer, être accompagnée, avoir un but. C'est ce qui m'a permis d'être là aujourd'hui devant vous. »

Chaque semaine, l'hôpital général de Bangui reçoit au moins deux à trois cas diagnostiqués positifs au cancer du sein, parmi lesquels des hommes. Pour prévenir cette maladie qui gagne du terrain, Mylène Limbio a créé en 2021 une association baptisée : Ô fil des femmes.

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« Le cancer du sein est un sujet assez tabou en Centrafrique. On n'en parlait pas beaucoup. Le cancer, c'est une maladie qui peut se soigner si elle est prise en charge à temps. Il faut en parler. Continuer à sensibiliser. Cette année, nous avons travaillé avec beaucoup de bénévoles, de femmes dynamiques et disponibles. Nous allons nous battre pour offrir des chimiothérapies et aider le plus possible nos sœurs », affirme Mylène Limbio. 

Diagnostiquée positive en 2022, Raymonde Sadetoua, continue les traitements avec beaucoup de difficultés. « Le médecin m'a dit que je dois suivre le traitement jusqu'à cinq ans. C'est difficile par rapport au coût des médicaments. Les médicaments sont très chers. À l'hôpital, la chimiothérapie coûte 154 000 francs CFA tous les 21 jours. C'est avec les efforts de mes parents et par la grâce de Dieu que je m'en sors petit à petit. »

En Centrafrique, les médicaments contre le cancer du sein sont rares. En raison de l’absence d’infrastructures adaptées, certains malades vont suivre un traitement à l'étranger, sur fonds propres. Restés au pays, de nombreux patients en meurent, faute de moyens suffisants.

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