Reportage culture

Exposition: 150 ans d’histoire des migrations asiatiques en France au Palais de la porte Dorée

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Le musée de l'Immigration à Paris consacre une exposition à la communauté venue de l'est et du sud-est asiatique (Japon, Chine, Vietnam, Corée, Cambodge, Thaïlande et Philippines). Si l'on parle souvent des immigrés venus de l'Afrique noire et du Maghreb, il est rare d'évoquer en France les personnes d'origine asiatique qui constituent pourtant 6% de la population immigrée dans l'Hexagone. Et Paris a le plus grand « chinatown » d'Europe dans le XIIIe arrondissement.

Affiche de l'exposition. Quartier asiatique, 13e arrondissement, Paris, 1994.
Affiche de l'exposition. Quartier asiatique, 13e arrondissement, Paris, 1994. © Gamma Rapho/Pierre Michaud
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L'immigration asiatique en France, c'est une longue histoire. L'exposition démarre en 1860. C'est la fin de la guerre de l'opium et l'ouverture forcée de la Chine et du Japon. Les diplomates sont les premiers à se rendre en France pour négocier des accords, mais le premier gros flux migratoire résulte de la colonisation française en Extrême-Orient.  

« On évoque, dans cette deuxième moitié du XIXe siècle, tout le système de l’engagisme dans l’empire colonial français à travers ce système de travail engagé qui vise notamment à remplacer la main d’œuvre servile dans les plantations. Donc, ça, c’est pour la première partie de notre exposition, indiqueÉmilie Gandon, co-commissaire. Ensuite, avec la Première Guerre mondiale, on recrute un certain nombre de travailleurs et de soldats, près de 90 000 en provenance de l’ex-Indochine et près de 140 000 travailleurs chinois. Au moment de la Seconde Guerre mondiale, à nouveau, on fait venir des travailleurs et des soldats de l’Indochine pour participer à l’effort de guerre. »

Si l'on connaît le rôle des tirailleurs sénégalais, on connaît moins celui des asiatiques que l'exposition éclaire. Ensuite, on passe à la décolonisation et aux conflits régionaux qui génèrent un nouvel afflux de migrants. La dernière partie du parcours aborde les stéréotypes raciaux entourant les communautés asiatiques.

« Dans l’exposition, on prend pour exemple le stéréotype du "péril jaune" qui prend naissance à la fin du XIXe siècle, et on montre comment, à travers la presse, à travers les journaux, comment ce stéréotype est régulièrement réactivé dans l’histoire. Et on montre de manière très contemporaine, à l’aulne de la crise du Covid-19, comment ce stéréotype est à nouveau réactivé. On revient aussi surtout ce qu’on a pu appeler les stéréotypes dits "positifs" – et j’y mets des guillemets – de population discrète, silencieuse, travailleuse. Dans l’exposition, on montre comment ces stéréotypes sont aussi le produit de la domination coloniale au moment du recrutement des travailleurs et des soldats pendant la Première Guerre mondiale. »

Une exposition richement documentée, photos, archives, œuvres d'art, mais aussi très instructive sur un sujet peu abordé.


Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 au musée de l'Immigration au Palais de la porte Dorée jusqu'au 18 février 2024.

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