Reportage culture

Rétrospective Henri Cartier-Bresson à Landerneau: au-delà de la légende, un photographe multiple

Publié le :

Henri Cartier-Bresson prend ses quartiers d’été en Bretagne dans le Finistère nord. C’est à Landerneau que se niche le fonds Hélène et Édouard Leclerc, où une exposition monographique est programmée tous les ans. Après la peinture et le street art, c’est la première fois qu’une exposition y est dédiée à la photographie. Et c’est un parcours chronologique qui est proposé où l’on part sur les traces de celui qui a été surnommé « l’œil du siècle » et qui a parcouru le monde.

Une photo datée du 6 avril 1974 à Paris du photographe français Henri Cartier-Bresson lors d'une commémoration du président français Georges Pompidou.
Une photo datée du 6 avril 1974 à Paris du photographe français Henri Cartier-Bresson lors d'une commémoration du président français Georges Pompidou. © AFP
Publicité

Quand on pense Henri Cartier-Bresson, on pense à la notion d’instant décisif qui fait la force de ses clichés. Mais pour Clément Chéroux, le commissaire de l’exposition, il y a plusieurs Cartier-Bresson.

« Cette exposition, qui présente 300 photographies dans un ordre plutôt chronologique, parcourt le XXe siècle. Elle montre qu'au-delà du Cartier-Bresson bien connu, de ses chefs-d'œuvre, il y a un photographe surréaliste au début des années 1930, un photographe qui crée la fameuse agence Magnum avec Robert Capa après la Seconde Guerre mondiale », explique Clément Chéroux.

Il parcourt le monde et se retrouve aux moments clés de l’histoire aux premières loges. Une chance ? Pas seulement.

« Cartier-Bresson était quelqu'un qui lisait beaucoup la presse. Tous les matins, il lisait les journaux et il était très au courant des affaires du monde, dans son pays, mais aussi à l'étranger. Ce qui explique qu'il était très souvent au bon endroit, au bon moment, précise le commissaire de l'exposition. Au moment de l'assassinat de Gandhi à New Delhi, au moment où Mao Zedong arrive au pouvoir en Chine, à Cuba, juste après la crise des missiles... Il y avait chez lui une très grande perception de là où il fallait être pour un photographe qui, essentiellement à cette époque-là, travaille avec la presse. »

Saisir l'instant

Un photographe qui aime aussi beaucoup déambuler et saisir ainsi l'instant singulier. Comme dans cette image, parmi les nombreuses photos iconiques qu'on peut voir dans l’exposition. Elle est intitulée « Derrière la gare Saint-Lazare ». Il l’a prise en 1932.

« Cartier-Besson vient tout juste d'acheter un petit appareil Leica, considéré à l'époque comme un appareil miniature, très léger. Il voit entre deux planches de chantier un homme qui saute au-dessus d'une flaque d'eau. C'est une image où, à l'instant d'avant, le personnage n'aurait pas été en suspension dans l'espace, dans une position quasiment de danse, qui fait écho à une affiche représentant une danseuse en arrière-plan. La photographie n'aurait pas non plus pu être réalisée l'instant après, parce que le talon du sauteur aurait touché la flaque d'eau et ridé le reflet sur lequel toute la composition de cette image est construite », analyse Clément Chéroux.

Et dans cette grande rétrospective, c'est un Cartier-Bresson multiple, mais toujours humaniste, qu'on redécouvre, s'attachant à capter la figure humaine dans un visage, un regard ou un groupe. À travers ses voyages dans le monde comme photo-reporter ou chez lui, sillonnant la France après Mai-68.

L'exposition Henri Cartier-Bresson au Fonds Leclerc à Landerneau, c'est jusqu'au 5 janvier.

À lire aussiRencontres d'Arles: Stephen Dock questionne sa vie antérieure de photojournaliste de guerre

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes