Procès du 13-Novembre: l'expérience éprouvante de la famille d'une victime chilienne
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Au procès des attentats du 13-Novembre commencent ce mardi 28 septembre les auditions des rescapés et des familles de victimes. Un moment important mais éprouvant, a fortiori quand on ne parle pas français et qu'on est loin des siens. Nancy et Rosario, la mère et la sœur de Luis Felipe Zschoche, un Chilien vivant en France tué au Bataclan, en témoignent.

Nancy, la mère de Luis Felipe, pense beaucoup à ce qu'elle va dire à la barre. Mais elle n'a pas peur de témoigner. « Je viens de tellement loin que je ne peux pas rester silencieuse. Je vais parler de mon fils et de ce que j'ai vécu. Je vais dire ce que je ressens. Il faudra que je sois concrète et précise, et que je dise tout ce que je veux dire. »
Pas question en revanche de s'adresser à Salah Abdeslam, le seul membre des commandos du 13-Novembre encore vivant, ou aux autres accusés. « Pour quoi faire ? Ça n'en vaut pas la peine. Je ne pense pas qu'ils vont se repentir. Jusqu'à présent, ils n'ont pas exprimé le moindre remord. »
Rosario, la fille de Nancy, ne pourra pas suivre le témoignage de sa mère. Après un mois passé à Paris avec sa famille, elle doit rentrer au Chili pour reprendre son travail. Et la webradio mise en place pour les parties civiles ne fonctionne pas à l'étranger. « Je vais essayer d'obtenir par la voie diplomatique qu'on me permette d'écouter la webradio, assure Rosario. Et si ce n'est pas possible, alors je vais devoir suivre le procès grâce aux récits de ma mère et aux comptes-rendus de nos avocates. Je n'ai aucune envie de rentrer parce que je ne veux pas laisser ma mère toute seule. Ça me fait de la peine. Et puis j'aurais vraiment aimé assister à toutes les audiences, comme ma mère ».
Nancy va rester à Paris jusqu'au verdict prévu en mai prochain. L'État français prend en charge une partie de ses frais. Pendant neuf mois, elle met donc sa vie entre parenthèses dans un pays qui n'est pas le sien, loin de son compagnon, de ses enfants et de ses deux petites-filles sans qui, dit-elle, elle n'aurait jamais pu surmonter ces six dernières années.
Mais assister au procès est essentiel pour elle. « C'est mon devoir en tant que mère d'être ici pour mon fils, affirme Nancy. C'est aussi mon droit. Cela fait six ans que je me pose énormément de questions et là, j'obtiens enfin des réponses. Nous n'avons jamais eu accès au dossier. J'ai été surprise depuis le début du procès, par les témoignages si crus, si cruels... Je n'aurais jamais imaginé une telle barbarie. Et puis j'ai appris où se trouvait mon fils quand il est mort avec sa femme. Ça a été terriblement douloureux. Mais c'est nécessaire de savoir pourquoi et comment se sont passés ces attentats. J'ai besoin d'en savoir plus. »
Nancy ne sait toutefois pas si ce procès l'aidera à avancer dans son deuil. Elle ne pense pas que le verdict atténuera sa douleur, mais elle espère que ces crimes ne resteront pas impunis et que cela lui apportera un peu de paix.
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