Excision: mieux informer les mères et leurs filles pour lutter contre cette mutilation
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Elles sont 200 millions de femmes à être excisées. Et toutes les six minutes, une autre petite fille vient gonfler ce chiffre. À l’occasion de la journée internationale de tolérance zéro face aux mutilations génitales féminines, RFI fait le point sur la prévention. En France, elles seraient 125 000 à être concernée. Comme dans une majorité de nations, l’excision est pourtant interdite et punie par la loi.

Certaines communautés continuent à pratiquer cette « coutume », profitant d’un voyage au pays, pendant les vacances scolaires qui changera la vie de ces jeunes filles à tout jamais. « Quand je suis partie en vacances au Sénégal, un jour, on m’a réveillée, on a prétexté une fête. Je devais aller à tel endroit pour aider à des préparatifs. Et arrivée à cet endroit, j’apprends que j’allais subir l’excision. »
Il a fallu neuf ans à Fatoumata pour raconter à voix haute cette histoire. Elle avait 16 ans lorsqu’elle s’est faite exciser : « J’en avais déjà entendu parler, mais je ne me sentais pas du tout concernée. Je me disais, “Ça se faisait, il y a des années et je suis Française”, ajoute la jeune femme. Si j’avais été au courant, j’aurais pu, peut-être, ne pas être pris au dépourvu ».
Ce spot télévisé diffusé à l’approche des vacances d’été par l’Association Excision, parlons-en, aurait pu, par exemple, mettre la puce à l’oreille à Fatoumata. Lorsqu’elle était adolescente »
Sur son site internet alert-excision.org, un chat gratuit et anonyme a d’ailleurs été mis en place pour que les jeunes filles puissent signaler un danger imminent et demander de l’aide. Le procureur de la République peut alors être saisi pour lancer une interdiction de quitter le territoire.
Les associations s’organisent auprès des jeunes filles et de leur maman
C’est justement sur ce levier que compte jouer l’association qu’a rejoint Fatoumata. Baptisée Au cœur de nos enfants, elle a été fondée à Lyon par Habib Sy. Entre autres solutions, il propose par exemple une aide immédiate aux mamans sans papiers qui craigne pour leur enfant :
« Du moment qu’elles ont une petite fille, notre association s’engage à payer un avocat, pour que cette femme ne soit pas exclue du territoire français, parce qu’il y a des risques que sa petite fille subisse l’excision une fois que sa maman est renvoyée dans son pays. »
C’est justement auprès des mamans, au moment de l’accouchement, que Ghada Hatem préfère évoquer le sujet. Elle est gynécologue obstétricienne, à la Maison des femmes de Saint-Denis, au nord de Paris.
« Il faut en parler avec elle : "vous êtes excisée, vous venez d’une région où cette coutume est encore vivace. Vous avez une petite fille, est-ce que vous voulez l’exciser ?" Bien sûr, la plupart des femmes répondent non, elles savent que ce n’est pas la bonne réponse, mais nous cela nous permet de dire "Faites attention parce qu’en France, on est très protecteur, même si votre petite fille n’est pas Française, mais qu’elle vit en France, elle a les mêmes droits qu’une petite Française, elle doit être protégée pareillement" ».
Le rappel à la loi fonctionne d’ailleurs plutôt bien selon elle. En France, l’excision est punie de 10 à 20 ans d’emprisonnement et d’une lourde amende, même si elle n’a pas été réalisée sur le sol français.
►À écouter aussi : Invité Afrique - Excision : « Il y a une volonté de contrôler le corps et la sexualité des femmes et des jeunes filles »
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