Reportage France

À Paris, la vie de galère des étudiants africains ayant fui l'Ukraine

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Ils sont près de 400 originaires du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Congo, du Nigéria à avoir fui la guerre en Ukraine et avoir pu se mettre à l’abri en Europe, et notamment en France. Une partie d’entre eux attendent toujours d'obtenir un titre de séjour étudiant pour poursuivre leurs études. Avec le soutien de certaines associations, ils se débrouillent et survivent comme ils peuvent. 

Une étude spécifique réalisée par Campus France sur les motivations des étudiants africains démontre qu'au moment du choix du pays d’études, deux étudiants africains sur trois ne souhaitent pas d’autre destination que la France. (Photo: La Sorbonne - Image d'illustration)
Une étude spécifique réalisée par Campus France sur les motivations des étudiants africains démontre qu'au moment du choix du pays d’études, deux étudiants africains sur trois ne souhaitent pas d’autre destination que la France. (Photo: La Sorbonne - Image d'illustration) AFP
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Après un an d’attente, Pépin Dokali, un Camerounais de 21 ans, vient d’obtenir un titre de séjour. Il va enfin pouvoir reprendre ses études, stoppées en pleine guerre. « J’ai perdu une année. Dans ma tête, c'est frustrant, mais il faut avoir beaucoup de patience. Si on n’en pas, on ne peut rien faire dans la vie, estime-t-il. Je vais faire du marketing digital, qui est complètement le contraire de ce que je faisais en Ukraine qui était ingénieur en biomédecine. Ce n’est vraiment pas facile, mais je n’ai pas eu le choix. »

La circulaire du ministère de l’Enseignement supérieur est claire. Elle précise les modalités d’inscription des étudiants étrangers en provenance d’Ukraine. Pour eux, il n’est pas possible de poursuivre des études en médecine.

Ange Jaurès Biagné a lui aussi dû changer de filière. Parti de Côte d’Ivoire pour faire de la logistique en Ukraine, le voilà ici en lettre édition média et audiovisuel à la Sorbonne. Et comme d’autres, il est aussi sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. C’est incompréhensible pour lui. « J’ai reçu l’OQTF, je ne comprends pas pourquoi. Ça fait mal, car j’ai déjà commencé mes cours à la Sorbonne et fini le premier semestre, puis entamé le deuxième, explique Ange Jaurès Biagné. La préfecture savait que j’étudiais, je l’ai prouvé avec un certificat de scolarité et le paiement de mes frais de scolarité, ça m’a bouleversé. »

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« Parce que ce sont des Africains »

L’accueil en France des étudiants africains est semé d’embûches. Abdélaziz Moundé, président de l’Association des Camerounais de France, les accompagne dans ce labyrinthe administratif. Et il ne mâche pas ses mots. Ces étudiants sont les grands oubliés de ce conflit, affirme-t-il.

« Parce que ce sont des Africains. C’est difficile d’être africain, de venir, être réfugiés et déplacés d’Ukraine. On considère après la circulaire du 4 mars que seuls les réfugiés ukrainiens ont droit au chapitre. Nous, on s’est insurgé contre cela. C’est une discrimination qui ne fait l’ombre d’aucun doute. C’est-à-dire que si vous fuyez tous la guerre, vous avez peut-être simplement droit, tous, à une protection temporaire. Ça n’a pas été le cas, simplement parce que ce sont des Africains. Je pense qu’à un moment il faut mettre les pieds dans le plat ».

Abdélaziz Moundé enseigne aussi au Collège de Paris, où une vingtaine d’étudiants africains ont pu s’inscrire. Alors que Pépin Dokali redécouvre les salles de classe, impatient à l’idée de reprendre le chemin de l’université, le combat des associations continue. Il faut arriver à scolariser ceux qui ne le sont pas encore, les loger et maintenir les exonérations de frais de scolarité, en vue de la prochaine rentrée scolaire.

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