Reportage France

Ma vie de maire [2/5]: À Tilloy-lez-Marchiennes, Marie Cau, une maire d’un autre genre

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Marie Cau est maire de Tilloy-Lez-Marchiennes, un village de 600 habitants dans le nord de la France. Elle est surtout la première maire trans élue en France : née homme, elle est devenue femme. Son combat à elle est donc personnel : il est de porter la voix des personnes transgenres. Mais difficile d’organiser quoi que ce soit dans son village. Alors, c’est à côté de Valenciennes qu’elle s’est rendue récemment lors d’une journée de sensibilisation à la cause LGBT+. 

Marie Cau est maire de Tilloy-Lez-Marchiennes et première maire trans élue en France.
Marie Cau est maire de Tilloy-Lez-Marchiennes et première maire trans élue en France. © Baptiste Coulon/RFI
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Le livre de Marie Cau,  Madame le maire trône en bonne place sur une table à l’entrée de la médiathèque d’Anzin. « Vous avez de la saine lecture », lance en rigolant la maire de Tilloy-lez-Marchiennes en rencontrant Valérie Cazin, la directrice de la médiathèque.

Pour la première fois, cette ville du nord de la France, tout proche de Valenciennes, organise des ateliers destinés à sensibiliser et lutter contre les discriminations des personnes homosexuelles et transgenres. « On a mis une petite graine dans la terre et ce que je voudrais c’est que ça pousse et que tout le monde dise "oh il y a ça" », lance Valérie Cazin. L’image de la petite graine est très intéressante parce qu’on comprend que cela va porter ses fruits », veut croire Marie Cau.

Le livre de Marie Cau,  "Madame le maire" trône en bonne place sur une table à l’entrée de la médiathèque d’Anzin.
Le livre de Marie Cau, "Madame le maire" trône en bonne place sur une table à l’entrée de la médiathèque d’Anzin. © Baptiste Coulon/RFI

Cette petite graine, Marie Cau est obligée de la semer à 20 kilomètres de sa commune, car porter la voix des personnes LGBT+ est difficile dans un village de 600 habitants : « Une petite marche des fiertés ou une petite animation autour de l’intégration ou de la tolérance, moi j’aimerais bien faire des choses comme cela ! Mais dans les petites communes comme la mienne, la priorité, c’est l’école, c’est la voirie. Le sociétal, c’est ce qui vient après qu’on a résolu les problèmes un peu matériels. Donc aujourd’hui, moi, mon action, elle va être plutôt en dehors du village. »

Au programme de cette journée de sensibilisation, un drapeau arc-en-ciel réalisé par les habitants de la commune, la diffusion de « PD », un court-métrage réalisé par Olivier Lallart, puis une table ronde à laquelle participe Marie Cau avec d’autres acteurs associatifs.

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« Mon mensonge était une prison »

« Toute mon enfance, on m’a cantonné à un rôle de garçon. J’ai dû assumer un rôle qui n’était pas le bon, qui n’était pas moi », développe Maris Cau. À 40 ans, bien avant de devenir maire, elle décide de s’assumer en tant que fille et c’est une libération : « Je ne pouvais plus supporter de me mentir à moi-même, de faire semblant d’être ce que je n’étais pas et puis j’avais l’impression de mentir aux autres en trichant sur ce que j’étais. Et je me suis dit que je ne serai jamais libre si je ne disais pas la vérité. Mon mensonge était une prison. »

Avant de se présenter, elle anticipe avec angoisse les réactions des habitants, mais finit tout de même par sauter le pas : « C’est ça la force de mon élection, c’est que les gens savaient qui j’étais et je me posais la question : "Est-ce que ça allait être un repoussoir ?" Finalement, ça n’a pas eu d’impact. Ça va pousser à ce que cela devienne un non-événement. Mon élection, ça a été un message d’espoir pour beaucoup de personnes. De dire, donc on peut être visible, donc on peut avoir une vie normale, donc on peut être élu, donc je peux arrêter d’avoir peur. »

Dans le Nord, une autre maire a fait sa transition, en cours de mandat cette fois. Et l’on se dit alors que la petite graine plantée par Marie Cau, commence à porter ses fruits.

Un drapeau arc-en-ciel a été réalisé par les habitants de la commune de Tilloy-Lez-Marchiennes.
Un drapeau arc-en-ciel a été réalisé par les habitants de la commune de Tilloy-Lez-Marchiennes. © Baptiste Coulon/RFI

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