Reportage France

Ma vie de maire [1/5]: À Plougrescant, la maire tient bon face aux menaces et intimidations

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Anne-Françoise Piedallu, maire de Plougrescant, en Bretagne, depuis 2014, est encore sous le choc. Il y a quelques semaines, dans la nuit, quelqu’un a volontairement sectionnés les freins de sa voiture. Elle porte plainte. Doit-on y voir un lien avec le départ annoncé du seul médecin de la commune, après l’augmentation de son loyer décidé lors du conseil municipal ? Une enquête est en cours. Malgré les menaces et les intimidations, Anne-Françoise Piedallu tient bon. Reportage.

Anne-Françoise Piedallu, maire de Plougrescant, en Bretagne.
Anne-Françoise Piedallu, maire de Plougrescant, en Bretagne. © Baptiste Coulon/RFI
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Lorsque l’on se présente face à la porte coulissante de la mairie, rien ne se passe. Elle reste close. Il faut alors qu’Yveline, la secrétaire à l’intérieur du bâtiment, presse le pas pour venir nous ouvrir. On n’entre plus dans la mairie de Plougrescant, comme on y entrait il y a encore quelques semaines : « Ce n’est plus une ouverture libre comme c’était jusqu’à présent, confirme Anne-Françoise Piedallu, la maire. C’est une recommandation des gendarmes. »

Une recommandation des gendarmes après que la maire a eu la désagréable surprise de retrouver un matin, les flexibles de freins de sa voiture sectionnés : « Je rentre dans mon véhicule comme d’habitude, je mets en route mon moteur et là, ma pédale de frein touche le fond, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de résistance du tout, elle est dans le vide », déroule l’édile.

Le garagiste est formel, les freins ont bel et bien été coupés volontairement, sur sa voiture garée devant son domicile. Anne-Françoise Piedallu dépose plainte contre X et le parquet ouvre une enquête pour les chefs d’homicide involontaire et menaces de mort réitérées à l’égard d’une personne détentrice de l’autorité publique. Un choc : « Rien que de le voir écrit, ça fait drôle. Ça fait drôle de se dire qu’on est concerné par ce qui est écrit. Je n’aurais jamais pensé en étant maire que ça puisse arriver » poursuit la maire qui réalise son second mandat.

Des tensions dans la commune

Cela fait plusieurs semaines que Plougrescant est tiraillé sur la question du médecin, installé non loin de la mairie, dans un préfabriqué. Le conseil municipal a récemment voté l’augmentation du loyer qu’il paye à la mairie. Pas d’autre choix face à la hausse des coûts et des prix. En retour, celui-ci menace de quitter la ville alors qu’il est le seul à exercer à Plougrescant. Le sabotage de la voiture de la maire est-il une réponse au mécontentement et la crainte des habitants de voir le médecin partir ? Impossible à confirmer, l’enquête est toujours en cours.

 

Le seul médecin de Plougrescant menace de quitter la ville, le seul à exercer dans la commune,  suite à l'augmentation son loyer votée par le Conseil municipal.
Le seul médecin de Plougrescant menace de quitter la ville, le seul à exercer dans la commune, suite à l'augmentation son loyer votée par le Conseil municipal. © Baptiste Coulon/RFI

 

Dans cette commune de 1 200 habitants, où tout se sait très vite, personne ou presque n’ose évoquer ce qui est arrivé à la maire. « Non, je préfère rester neutre. Je n’ai pas envie de prendre parti pour un côté ou pour l’autre », évacue d’emblée une commerçante. Idem pour une autre sur la place de la mairie.

Pour trouver un soutien de la maire, retour en mairie avec Yvette, la secrétaire, qui ne tarit pas d’éloges sur le travail mené par l’édile : « Je trouve ça inadmissible. Parce que quand je vois tout ce que madame la maire a fait pour la commune... Elle est tout le temps présente en mairie ! Je lui tire mon chapeau, oui, bravo madame le maire ! »

« Il y a de plus en plus d’exigences et d’impatience »

Et du soutien, la maire en a besoin face aux menaces et des habitants parfois inflexibles : « Dans la tête de certaines personnes, le maire a réponse à tout. On est censé tout connaître, on est censé savoir répondre, mais non ! On n’a pas forcément réponse à tout. Et puis je trouve, personnellement, qu’il y a de plus en plus d’exigences et d’impatience. »

Pour autant, pas question de démissionner. Anne-Françoise Piedallu ira jusqu’au bout de son second mandat en 2026, « parce que ça me passionne. J’ai l’impression d’être utile. Je ne veux pas donner raison aux personnes qui l’ont fait. Il n’y a pas de raison que je m’en aille, balaye la maire. J’espère bien que l’on va réussir à faire en sorte que la situation se débloque et que les choses puissent avancer de façon positive… »

Dans le conflit qui oppose la municipalité au médecin, un médiateur a été nommé. Pour Anne-Françoise Piedallu, ce mandat est le dernier. Elle rendra l’écharpe en 2026. 

La rue principale de la commune de Plougrescant, en Bretagne.
La rue principale de la commune de Plougrescant, en Bretagne. © Baptiste Coulon/RFI

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