Des faucons se font les plumes à l’hôpital d‘Abou Dhabi
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L‘hôpital des faucons d‘Abou Dhabi est le plus grand au monde. Des milliers d‘oiseaux y sont soignés tous les ans. Un traitement prestigieux leur est d‘ailleurs réservé. Car aux Émirats arabes unis, le faucon est bien plus qu‘un oiseau. C‘est un symbole hérité de la culture bédouine que les autorités locales veulent promouvoir auprès des jeunes générations.
À quelques kilomètres d‘Abou Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis, se situe le plus grand établissement médical aviaire au monde. Cet hôpital des faucons accueille en effet 11 000 oiseaux par an. Les fauconniers de toute la péninsule arabique y affluent pour confier leur rapace à Margit Muller, la vétérinaire allemande de l’hôpital depuis 2001.
« Avant, il n‘existait aucun hôpital de ce genre. C‘est quelque chose d‘unique. Il a donc fallu sensibiliser les fauconniers pour leur faire comprendre l‘importance des soins médicaux. Le faucon est certes un oiseau très grand, mais il est aussi très fragile. Lorsqu‘il tombe malade, il peut mourir rapidement », explique-t-elle.
Ce jour-là dans l‘hôpital, une cinquantaine de faucons coiffés d‘un chaperon attendent leur tour. L‘agitation du personnel soignant contraste avec le calme des rapaces statiques sur leur perchoir. La plupart d‘entre eux sont examinés pour un simple bilan de santé dont le coût s‘élève environ à une centaine d‘euros. Un prix abordable selon la vétérinaire.
« L’hôpital est un établissement public qui fait partie du gouvernement d‘Abou Dhabi. L‘idée était de rendre les soins accessibles à tous les fauconniers car tous ne sont pas aisés. Et ici, la fauconnerie est pratiquée par tout le monde. De la famille royale aux Bédoins les plus modestes ».
Démocratisation de la fauconnerie
Au fil des années, la pratique de la fauconnerie aux Émirats a en effet été démocratisée. L‘hôpital organise par exemple des visites touristiques pour sensibiliser le public. Un musée retrace l‘histoire du lieu créé en 1999 par Cheikh Zayed, le fondateur du pays.
Fahad al Badi est l‘un des animateurs de ces visites.« Pour nous, le faucon est comme un membre de la famille. Certains s‘en occupent comme un enfant, raconte-t-il. Car à l‘époque, le faucon était l‘un des seuls moyens pour les Bédouins de s'approvisionner en viande. Ils se servaient du faucon pour chasser dans le désert. C‘est pour cette raison que le faucon a autant de valeur à nos yeux ».
Dans la société émirienne, le rapace occupe une place toujours aussi importante. Il est d‘ailleurs lui-même détenteur d‘un passeport comme n‘importe quel citoyen. Ses informations personnelles y sont recensées pour faciliter les démarches lorsqu‘il sort du pays avec son propriétaire.
Même si sa fonction principale n‘est plus la chasse, il est néanmoins un moyen pour les Émiriens de se reconnecter aux racines bédouines du pays. Car en cinquante ans d‘existence, la pétromonarchie a connu une transformation fulgurante. Le comité des programmes culturels de l‘émirat d‘Abou Dhabi essaye donc de promouvoir cet héritage de traditions auprès des jeunes générations.
Un symbole de la culture émirienne
« En tant qu‘entité gouvernementale, il est très important pour nous de créer des ponts entre ce que nous sommes en train de faire, c‘est-à-dire le développement de notre pays, et notre histoire, détaille Eissa Saif Al Mazrouei, le vice-président de ce comité. Les jeunes générations ne doivent pas oublier ce que leur père et leur grand-père ont fait dans le passé. La promotion de notre culture est une manière de les aider à aller de l‘avant. Et évidemment, le faucon est l‘un des symboles de cette culture ».
Chaque année, des courses de faucons sont par exemple organisées. Lors du festival d‘Al Dhafra, qui se déroule tous les ans en décembre et en janvier, les meilleurs fauconniers de la région se disputent plusieurs titres. Les oiseaux, parfois lancés à plus de 300 km/h derrière une proie, doivent parcourir une certaine distance dans les meilleurs délais.
Les autorités relâchent également des faucons en milieu naturel. Au total, 2 000 oiseaux ont été relâchés sur les principales routes migratoires du rapace depuis 25 ans. L’hôpital des faucons d‘Abou Dhabi a pour mission de superviser ce programme. Car aux Émirats, le faucon est bien plus qu‘un oiseau.
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