Australie: visite d'une ferme d'élevage de crocodiles pour le groupe LVMH
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Malgré la crise économique liée au coronavirus, le secteur du luxe et de la maroquinerie se porte bien. Et c'est en Australie que les deux géants français LVMH et Hermès continuent de s'approvisionner en peaux de crocodiles pour leurs sacs, leurs ceintures et chaussures vendus dans le monde entier.

De notre correspondant à Sydney,
Les pieds dans la gadoue et loin de tout. Bienvenue à la ferme de Coolibah. Pendant la saison des pluies, elle n’est accessible qu’en hélicoptère. En ce moment, des bébés crocodiles sortent tous les jours de leurs œufs.
Ben Hindle, le directeur, assure la visite. « Ah, vous avez de la chance ! Vous les voyez éclore ? Si vous rapprochez votre micro, vous les entendrez pousser un petit cri », nous dit-il. Ils font ce bruit pour appeler leurs frères à sortir de leurs œufs, pour qu’ils naissent tous en même temps. Les bébés sont ensuite transférés dans un couvoir, nourris six fois par semaine avec de la viande hachée de kangourou.
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Une activité de plus en plus critiquée
Ils passent la dernière année de leur vie séparés, dans de petits enclos individuels. Ces derniers « ont été adoptés par l’industrie au cours de la dernière décennie : c'est un moyen de permettre à la peau de guérir des morsures et griffures, mais aussi pour éviter aux animaux de se blesser les uns les autres », assure Annabelle Olsson, vétérinaire.
Ils sont abattus vers l’âge de trois ans. Leur peau est ensuite envoyée à Singapour, dans une tannerie qui fournit en cuir toutes les marques du groupe. Mais cette activité est de plus en plus critiquée, notamment par l’association PETA. « Pour chaque sac, ceinture ou chaussure fabriquée avec du cuir de crocodile, un animal très intelligent et sensible est placé en captivité, soumis à une vie horrible et à de multiples souffrances avant d’être tué », explique Aleesha, membre de l'association.
D’autres grandes marques, comme Chanel, ont renoncé ces dernières années à utiliser des cuirs exotiques. Mais pas LVMH. « Nous laissons libres nos marques et nos directeurs de création d’utiliser ces matériaux. Mais si nos maisons décident d’utiliser ces matériaux, nous faisons tout pour que les meilleures pratiques soient appliquées », déclare Alexandre Capelli, directeur adjoint chargé de l’environnement.
Une industrie qui rapporte 67 millions d'euros par an
L’espèce en revanche, n’est pas menacée par l’élevage. Au contraire même, il contribue à sa préservation d’après Grahame Webb qui préside le groupe Crocodiles au sein de l’Union internationale pour la conservation de la nature. « Vous n’arriverez jamais à faire aimer les crocodiles. En revanche, si cette même communauté peut en tirer un avantage économique, alors elle sera prête à les supporter », déclare Grahame Webb.
L’industrie du crocodile, dans le Territoire du Nord, rapporte 67 millions d’euros par an. Et le secteur a le vent en poupe. Hermès a d'ailleurs acheté en novembre une nouvelle ferme qui deviendra à terme la plus grande du pays.
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