Ukraine: rester à Kramatorsk, malgré le danger quotidien des bombes russes
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La Russie a pour but avoué d'occuper la totalité de la région de Donetsk. Or, on ne parle pas uniquement de territoire. Rien que dans les agglomérations de Kramatorsk et Sloviansk, il reste encore près de 100 000 personnes, et ces villes aux allures de garnison sont les dernières grandes forteresses du Donbass à l'arrière du front, qui se rapproche pourtant inexorablement.

Reportage à Kramatorsk de notre correspondante
Nous sommes à Kramatorsk, à une quinzaine de kilomètres seulement du front, presque à portée d'artillerie, et définitivement à portée des drones russes. Ici, les drapeaux ukrainiens, bleus et jaunes flottent dans toutes les rues. Une énième sirène retentit. Impossible chaque jour de les compter tant elles sont nombreuses, pourtant ici, malgré la présence de bunkers en béton à travers la ville, plus personne n'y prête attention ni ne s'abrite. Dans ce supermarché du centre-ville, où l'on trouve désormais autant de soldats que de civils, Luda, une caissière, explique : « Eh bien, je voudrais rester ici, dans ma maison. Je ne veux aller nulle part ailleurs, vous comprenez ? J'ai travaillé ici toute ma vie, j'ai mes enfants, mes petits-enfants… »
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À quelques rues de là, sous-sol, nous retrouvons Anja, une vétérinaire. Pour elle non plus, il n'est pas encore question de partir : « Il y a beaucoup de monde qui est venu ici, bien sûr, ils sont venus de toute la région de Donetsk. Ils sont venus s'installer, ici, à Kramatorsk, mais aussi à Sloviansk. On va partir, mais pas encore. » Pourquoi ? « Eh bien, pas encore, on est déjà partis de là où nous vivions, à Lyman, c'est dans l'autre direction, c'est juste que nous vivons ici depuis trois ans maintenant, enfin un peu moins. Et pendant longtemps, ça allait. Pour l'instant, ça va encore, mais on a un enfant, donc on ne sait pas trop quoi faire. On partira probablement à un moment. »
Rester, faute de mieux
Dasha, elle, est jeune maman. Malgré les explosions devenues quotidiennes, elle ne voit aucune perspective loin d'ici : « Effrayant, oui ! Mais que faire ? Qui a besoin de nous ? Les loyers sont chers ces temps-ci, et je suis mère célibataire. Il n'y a personne pour m'aider ! »
Dans le bazar de la ville, on retrouve des personnes âgées, qui étalent les récoltes de leur jardin, herbes, fruits et légumes. Parfois, même leurs effets personnels qu'ils essaient de vendre afin de boucler les fins de mois. Eux n'ont tout simplement pas les moyens financiers pour fuir. C'est sur cette population que pèse le danger quotidien des bombes russes, ainsi que la perspective d'une nouvelle invasion, dans cette ville déjà occupée pendant quelques mois par les séparatistes soutenus par Moscou en 2014.
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