Géorgie: manifestation contre le projet de barrage hydro-électrique de Namakhvani
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Dimanche 23 mai, un rassemblement de plusieurs milliers de personnes s’est tenu à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, contre le projet de barrage hydro-électrique de Namakhvani. Ce projet à 650 millions d’euros a provoqué un fort rejet non seulement de la population des bords de la rivière Rioni, dans le piémont de la chaîne du Grand Caucase au centre de la Géorgie, mais de tout le pays.

De notre correspondant à Tbilissi,
Cette première manifestation à Tbilissi contre le projet de Namakhvani, après une série d’autres organisées sur place ces derniers mois, a été un festival de drapeaux… Le drapeau national d’abord, celui de toutes les régions de Géorgie ensuite, ceux enfin de mouvements politiques et d’associations de toutes sortes.
Levan, petit commerçant, trentenaire, est venu de son village situé non loin de là où l’immense barrage doit être construit. Il porte un tee-shirt vert où est écrit « Sauveur de la rivière Rioni ». « On est venu pour empêcher la destruction de nos villages. On veut faire changer d’idée le gouvernement. Ce projet va tellement saccager l’environnement », explique-t-il.
Guiorgui lui, venu de Poti, un port de la mer Noire, ne veut pas d’un investisseur turc pour ce projet : « Je suis là parce qu’on vend la terre géorgienne. On restera ici jusqu’à ce qu’ils abandonnent ce projet. Faut pas vendre notre terre. C’est tout. »
Quant à Vera Gogokhia, médecin de Tbilissi, ce qui la met en rage, c’est l’opacité du gouvernement sur ce dossier, qui fait qu’on ne sait pas qui sont les vrais bénéficiaires du projet. « Je suis venu manifester, même si je ne suis pas contre la construction de barrages sur le principe. Mais je suis contre les mesures du gouvernement lorsqu’elles ne sont pas démocratiques. Cet accord entre le gouvernement et l’investisseur est resté complètement caché au peuple », dénonce-t-elle.
Qu’est-ce donc qui ne va pas avec Namakhvani, comme avec chaque projet de barrage hydroélectrique initiés en Géorgie aujourd’hui ? Les problèmes sont multiples : manque de transparence, mauvaise gestion des phases d’étude et de consultation publique de la part du gouvernement mais aussi de la société civile, soupçons quant aux intérêts réels des investisseurs et de leurs soutiens dans l’État géorgien, notamment au sujet du minage de crypto monnaies, activité ultra consommatrice d’énergie.
Pour Varlam Goletiani, figure de la contestation contre le barrage de Namakhvani, la bataille continue, malgré les pressions. « Pour cette lutte, nous devons être unis et le plus nombreux possible. C’est pour ça que cette bataille commence ici et maintenant. Et nous allons rester jusqu’au bout, pour que les habitants des environs de la rivière Rioni ne perdent pas leur maison, et qu’on en finisse avec cette histoire de barrage ».
Au soir de la première manifestation de Tbilissi, contre Namakhvani, la détermination était là plus que jamais. Des tentes ont été installées place de la République, en plein centre de la capitale. Pas question de bouger !
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