Allemagne: «House of One», un lieu de culte unique au monde

La nouvelle vague de violences au Moyen-Orient a montré combien le dialogue des religions est difficile mais nécessaire. En Allemagne, des violences antisémites ont eu lieu en marge de manifestations pro-palestiniennes. La pose de la première pierre cette semaine d’un lieu de culte commun aux religions chrétienne, musulmane et juive et présenté comme unique au monde à Berlin a lieu au bon moment comme l’a estimé un de ses responsables.

Site du projet House of One, d’ici trois à quatre ans, l’édifice abritera une mosquée, une synagogue et une église reliées par un grand hall commun. © RFI/ Pascal Thibaut

Un rabbin, un pasteur, un imam. Côte à côte, Andreas Nachama, Gregor Hohberg et Kadir Sanci sont à nouveau réunis pour la pose de la première pierre de « House of One ». Lancé il y a dix ans, le projet franchit une étape importante, bien plus tard que prévu. En plein cœur du Berlin historique, sur les fondations d’une ancienne église endommagée durant la guerre et détruite dans les années 60 doit s’élever un bâtiment qui se veut unique en son genre. Il doit en effet abriter d’ici trois à quatre ans, une mosquée, une synagogue et une église reliées par un grand hall commun. Un projet éminemment symbolique ce qui explique sans doute le financement public important, environ les trois quarts des 47 millions d’euros prévus. Berlin fait partie des contributeurs.

« Berlin se veut une ville de la tolérance et de l’ouverture sur le monde. Le projet « House of one » symbolique le dialogue des religions », explique le maire de la ville Michael Müller. 

Plusieurs orateurs ont souligné combien le projet était d’actualité comme l’a récemment illustré à nouveau le conflit au Moyen-Orient avec ses répercussions en Allemagne. L’imam de la future mosquée Kadir Sanci. « À un moment où la polarisation de personnes prétendument religieuses gagne du terrain, cet édifice constitue un symbole positif de la foi et de la spiritualité. »

Le nouveau bâtiment sera construit sur le site de l’ancienne église protestante Saint Pétri. Le rabbin Andreas Nachama, fils d’un survivant de l’holocauste, a rappelé combien ce lieu était symbolique de l’histoire allemande. « Nous voulons par ce projet au centre de Berlin là où un pasteur nazi a sévi, surmonter ce passé par notre unité », a-t-il déclaré.

Un pasteur qui dans les rangs de l’armée nazie s’était vanté d’avoir activement participé au meurtre de centaines de juifs, un cas unique. Ce sombre passé comme le lieu symbolique de l’ancienne église ont motivé son successeur Gregor Hohberg à prendre l’initiative du projet « House of One ». « Nous voulons au-delà de nos différences mettre en avant l’unité qui nous rapproche et que partagent beaucoup dans le monde ».

« House of One » n’est pas qu’un projet, depuis plusieurs années déjà des programmes pédagogiques sont organisés pour contribuer dans les écoles au dialogue interreligieux.