Tourisme aux Canaries: une reprise mais peu d'espoir d'un retour à la normale cet été
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L’économie canarienne a encaissé un énorme choc avec la pandémie de Covid-19 : son PIB a chuté de 20 % l’an dernier, bien plus que la moyenne nationale espagnole. Avec la vaccination et l’assouplissement des restrictions sanitaires en Europe, les professionnels du tourisme espèrent, après un an de cauchemar, retrouver peu à peu de l’activité.

De notre envoyée spéciale à Grande Canarie,
Samedi après-midi rythmé, près de la Playa del Inglés, et des dunes de Maspalomas, mais les allées marchandes restent peu fréquentées de cette station balnéaire du sud de Grande Canarie
Robert Dujmovic fait l’inventaire des excursions qu’il a vendues depuis la reprise de son activité. « Quand on a ouvert mardi, mon chef m’a dit : “on travaille une semaine, s’il y a des clients on continue, sinon on ferme”. Et là aujourd’hui, il me dit que l’on va rester ouvert et tenir bon », explique Robert.
Il sort de longs mois de chômage partiel, indemnisé à hauteur de 70 % de son salaire. Malgré son naturel optimiste, la crise ne l’a pas épargné. « J’ai perdu 10 kg en un an, surtout parce que j’étais inquiet et dans l’incertitude. Et je vois beaucoup de personnes dans ce cas, parce qu’elles ne savent pas ce que l’avenir nous réserve, qu’elles ne mangent pas bien... », raconte-t-il.
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« Cela nous réconforte, car on était au fond du gouffre... »
À quelques centaines de mètres de là, le Cappuccino House s’ouvre sur une rue quasi déserte… Fernando, le responsable du café, ne se plaint pas pour autant, lui qui a tenu grâce à la fréquentation locale et nationale.
« La tendance est un peu à la hausse. Les tours-opérateurs commencent à reprendre et les hôtels à ouvrir. Cela nous réconforte, car on était au fond du gouffre et là on voit que ça commence à rebondir. Mais cela m’attriste de voir que beaucoup de collègues ont dû fermer », se désole Fernando.

Galerie marchande fantôme
Des magasins fermés, il y en a à profusion dans une galerie marchande presque fantôme de la localité de Puerto Rico… Un samedi à la mi-journée, Brahim Maanan est l’un des rares à avoir levé le rideau.
« Personne ne peut supporter les coûts. Les loyers sont très chers alors s’il n’y a pas de tourisme, c’est la fermeture en attendant un retour à la normale. Moi, j’ouvre pour tenter ma chance, pour dire que j’ouvre, c’est tout », avoue-t-il.
Un retour à la normale pour le mois de novembre ?
Pendant la pandémie, seulement 30 % des hôtels sont restés ouverts. Et près de la piscine de l’un de ses établissements, Jose Maria Mañaricua, président d’une Fédération hôtelière, n’imagine pas de retour massif de la clientèle avant novembre.
« On espère que début juillet entre 50 et 70 % des hôtels seront ouverts, bien sûr sans savoir combien il y aura de touristes. Parce que les réservations se font à la dernière minute, on a des annulations de dernière minute, et à la dernière minute de nouvelles restrictions apparaissent », dit Jose Maria Mañaricua.
Puis il poursuit : « On ne peut pas avoir de chiffre tant que l’on ne sait pas comment vont évoluer les restrictions du Royaume-Uni. Les Britanniques représentent 30 % du tourisme aux Canaries. Or, l’Espagne est sur la liste orange et tant qu’il y aura ces codes-couleur, nous n’aurons pas de touristes britanniques. »

« La moitié de nos salariés resteront au chômage partiel »
Une certitude : tous les salariés ne retrouveront pas leur poste cet été. « Environ la moitié de nos salariés resteront au chômage partiel, parce que les hôtels ne tourneront pas à plein, ils ne dépasseront pas les 50 % de leur activité habituelle. Il faut prendre en compte que les Canaries ont besoin des liaisons aériennes. Les compagnies ont beaucoup souffert, il sera donc difficile de retrouver le nombre de passagers aériens que nous avions », explique Jose Maria Mañaricua.
Faut-il craindre la fermeture définitive d’un certain nombre d’hôtels. « Non, assure Jose Maria Mañaricua, quand il y a une grande crise, les fonds d’investissements finissent par acheter ce genre d’hôtels en difficulté. Le problème, c’est que cela délocalise la propriété de ces biens. »
Cet été, les hôtels pourraient proposer autour de 30 % de réduction. À ce stade, l’objectif n’est pas de gagner de l’argent, mais simplement d’arrêter d’en perdre.
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