Argentine: les personnes en situation de handicap échapperont-elles à la tronçonneuse de Javier Milei?
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En août dernier, le président argentin avait eu recours à son droit de veto pour bloquer une aide d’urgence aux personnes handicapées votée par le Parlement. Si le chef de l'État avait justifié son geste par sa volonté de préserver à tout prix l’équilibre budgétaire du pays obtenu au prix d’une sévère cure d’austérité, le Sénat pourrait lever ce veto ce jeudi 4 septembre. Reportage au sein d'un foyer accueillant des personnes atteintes de handicap mental.

De notre correspondant à Buenos Aires,
Directrice générale de la Dinad, Adriana Salomone nous fait visiter l'un de ses établissements: « En tout, l’institution accueille 150 personnes en situation de handicap réparties entre l’école et les deux foyers ». Celui où elle reçoit compte une cinquantaine de pensionnaires et environ autant d’employés - personnels administratifs, assistants sociaux, infirmières et éducateurs. Malena est musicothérapeute : « Je travaille ici depuis 11 ans. Actuellement, l’ajustement budgétaire nous limite beaucoup au niveau du matériel. Qu'il s'agisse des enceintes ou des instruments, je dois tout amener de chez moi », explique-t-elle.
Le foyer doit se serrer la ceinture car, depuis l’an passé, le gouvernement a gelé les montants perçus par les établissements accueillant des personnes handicapées. Mais pendant ce temps-là, le niveau des prix et les frais de l’établissement, eux, continuent de grimper. « Nos frais ont augmenté d’au moins 25% et ce que nous recevons n’a pas changé. Donc actuellement, toutes les institutions liées au handicap dépensent plus qu’elles ne reçoivent », rappelle Adriana Salomone.
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« On doit de nouveau se battre pour la même chose »
Même après avoir réduit leurs coûts au maximum, de nombreuses institutions ne peuvent plus payer leurs charges sociales et accumulent les dettes. La directrice de la Dinad alerte sur le risque de fermeture de centres d’accueil pour personnes handicapées : « Si on ne peut plus payer les salaires et qu’on ne peut plus payer les frais à cause du niveau d’endettement, il faudra qu’on ferme. Certains de nos résidents ont vécu ici toute leur vie, ils ne connaissent rien d’autre que ce foyer. Certains n’ont plus de famille, ils n’ont personne. Où vont-ils aller, que va-t-on faire d’eux ? On les laisse à la rue ? ».
Pour éviter d’en arriver là, le Parlement a voté le mois dernier une loi déclarant l’état d’urgence en matière de handicap et débloqué des fonds pour assurer le fonctionnement des institutions d’accueil jusqu’à la fin 2027. Mais le président Javier Milei a utilisé son droit de veto pour bloquer le texte, au grand dam de Daniela Vagnenkos, responsable de l’un des foyers de la Dinad : « Le plus rageant, c’est que tout ça, c’était des acquis, des droits qu’on avait déjà obtenus. Et là, on revient en arrière, et on doit de nouveau se battre pour la même chose ».
Le veto de Javier Milei à l’aide d’urgence en matière de handicap pourrait être levé par le Parlement ce jeudi 4 septembre. Si l’opposition réussit à réunir une majorité des deux tiers, elle pourrait mettre un coup d’arrêt à la cure d’austérité imposée par le président argentin.
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