Afghanistan: face à l’avancée des talibans, de nombreux Afghans veulent fuir à l'étranger
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Face à l’avancée des talibans, de nombreux Afghans fuient. Nombreux veulent fuir à l’étranger. Ces derniers jours d’ailleurs, une longue file d’attente se forme dès l’aurore devant le service des passeports à Kaboul.

De notre correspondante à Kaboul,
Des centaines de personnes font la queue les unes derrière les autres devant l’entrée du service des passeports. Des policiers, armés de kalachnikovs montent la garde, tendus. Un homme, le regard fiévreux, s’approche. « Mon père avait 81 ans, il a attrapé le Covid ici. C’est le plus grand risque que j’ai pris dans ma vie. Mon père est mort avant-hier. Il a été enterré hier. Mais aujourd’hui, je suis à nouveau ici. Je suis ici avec un cœur très, très lourd. Avec une peine immense. Mais que puis-je faire ? Est-ce que je dois rester chez moi ? Non je devais venir ici, je devais demander nos passeports encore, pour faire sortir ma famille d’ici, pour aller n’importe où. »
Dans la file d’attente, un homme fait défiler des photos sur son téléphone portable. Il préfère rester anonyme. « Voici ma maison dans mon village. Ils ont tout détruit. Ils ont mis une mine à l’intérieur. J’ai même une vidéo. Regardez. Les talibans ont posé une mine dans ma maison. J’ai perdu toutes mes propriétés. »
« Nous ne pouvons pas voir l'avenir en Afghanistan »
Cet homme a fui son village situé dans la province d’Uruzgan. Capturé par les talibans une vingtaine de jours plus tôt. « Ils sont arrivés et ont brûlé nos maisons, ils ont lancé des roquettes. Les talibans ont tué plusieurs femmes et enfants. Ça tirait de partout. » Il affirme qu’une soixantaine de personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées. Effrayé, il veut obtenir un passeport et fuir en Iran.
Amina – son nom a été modifié pour des raisons de sécurité – veut fuir en Turquie avec son époux et ses deux fils en bas âge. Cette enseignante à l’université a fui en bus sa province du Badakhshan dans le nord-est du pays, tombé aux mains des talibans. « Nous ne pouvons pas voir l’avenir de l’Afghanistan. Tout est incertain. La seule chose que l’on sache, c’est que l’avenir est sombre pour tout le peuple afghan. » Amina dit n’avoir plus d’espoir, comme beaucoup dans la longue file d’attente.
À la faveur du départ de la coalition internationale, les talibans affirment contrôler 85% du territoire afghan. Les autorités afghanes démentent, mais elles reconnaissent que les forces de sécurité afghanes sont dans une situation « délicate ». Les talibans ont lancé une grande offensive dans le nord du pays, s’emparant des frontières avec le Tadjikistan, le Turkménistan et d’un poste frontalier majeur avec l’Iran. Ce mardi 13 juillet, ils ont pris le contrôle de deux districts de la province centrale de Bamiyan.
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