Reportage international

Mexique: vaccination dans les usines de Tijuana

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Depuis mars 2020, les États-Unis ont fermé leur frontière au Mexique pour éviter la propagation du Covid-19. Alors que la vaccination allait bon train en Californie, le consul du Mexique à San Diego a eu l’idée de faire vacciner les employés des usines de Tijuana pour lutter contre le coronavirus et protéger l’économie. 

Un demandeur d'asile campant au point de passage d'El Chaparral est vacciné contre le COVID-19 à Tijuana, dans l'État de Basse-Californie (Mexique), à la frontière avec les États-Unis, le 3 août 2021.
Un demandeur d'asile campant au point de passage d'El Chaparral est vacciné contre le COVID-19 à Tijuana, dans l'État de Basse-Californie (Mexique), à la frontière avec les États-Unis, le 3 août 2021. AFP - GUILLERMO ARIAS
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En mai dernier, Maria Laura Cortez s’est faite vacciner en Californie sans aucun visa. Elle travaille dans l’usine de Tijuana de l’entreprise d’électronique Poly. « Au total, ça a duré une heure et demie environ, le temps de faire la queue pour traverser la frontière, raconte-t-elle. Puis une fois sur place, ça s’est passé rapidement pour qu’on ne soit pas dehors trop longtemps et pour ne pas affecter la production. Je suis revenue et puis c’était une journée de travail normale. »

De mai à juillet 2021, les employés de 38 usines de Tijuana ont été vaccinés grâce à la collaboration entre les autorités migratoires de la frontière, le comté de San Diego et le consulat du Mexique dans la ville. Carlos Gonzalez, le consul général, a fait le lien avec Washington pour faire valider le projet. « San Diego n’avait plus de problème de vaccination. Les files d’attente n’étaient plus aussi longues qu’avant. On sentait que ceux qui voulaient se faire vacciner pouvaient le faire sans problème. Ça contrastait avec la situation au Mexique. »

Alors que des milliers de vaccins unidose de Johnson & Johnson menaçaient de périmer dans les frigos, à Tijuana, les personnes âgées de plus de 65 ans faisaient des heures de queue pour avoir leur première dose. 

Lydia Ikeda est directrice des opérations Covid-19 à l’université de médecine de San Diego. Elle a coordonné les équipes qui ont vacciné les travailleurs mexicains. Elle explique que les États-Unis avaient tout à gagner dans ce projet : « On est une communauté. On est séparés par une frontière mais cette frontière est une ligne sur une carte. Les mouvements de nos populations sont très fluides à travers la frontière. La frontière, c’est là où on peut agir sur un autre pays. Si à San Diego on est vaccinés à plus de 80% alors qu’au Mexique on est vacciné à moins de 10%, il y a un déséquilibre dans la région. Et il faut le corriger. »

Le choix s’est porté en premier sur les employés des usines car les États-Unis sont dépendants de cette main-d'œuvre pas chère, ajoute Lydia Ikeda. « Si les gens tombent malades, les usines ne produisent plus à la vitesse à laquelle les États-Unis consomment. Les maquiladoras nous fournissent tout ce dont a besoin du Coca-Cola jusqu’aux produits électroniques. »   

Les États-Unis ont donc accepté de donner les vaccins et les patrons des usines de payer 60 dollars par employé vacciné pour la logistique. Ce système a été copié tout le long de la frontière. Au total, près de 300 000 travailleurs ont été vaccinés. 

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