Reportage international

Irak: les terres agricoles menacées par une vague de sécheresse

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Les dirigeants de nombreux pays se rencontrent en ce moment à Glasgow pour la COP26, le sommet sur le climat. Notre reportage du jour s'intéresse pour l’occasion aux conséquences dévastatrices du dérèglement climatique dans certaines régions du monde. En Irak, la température moyenne a augmenté deux fois plus vite que sur l'ensemble du globe, faisant mourir les cultures, tuant les animaux et poussant les populations à partir. Rencontre avec des agriculteurs au nord de Bagdad qui subissent de plein fouet ce réchauffement climatique.

Un agriculteur sur un terrain cultivé à Al-Sahl, en Irak, le 16 septembre 2021.
Un agriculteur sur un terrain cultivé à Al-Sahl, en Irak, le 16 septembre 2021. © Ahmad AL-RUBAYE / AFP
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Il est 7h du matin et Taleb Hamid chevauche son vieux tricycle rouge, monté d’une remorque poussiéreuse. Cet Irakien de 68 ans, un turban blanc enroulé autour de la tête, prend la direction son champ, ou plutôt ce qu'il en reste. La moitié de ses arbres fruitiers ont brûlé pendant l'été.

« Cette année, notre production est passée de 70 à 20 %, parce qu'on a pas eu assez d'eau pour arroser, alors les fruits sont tombés avant leur maturité. Dans le passé, on pouvait planter des herbes aromatiques, des tomates, des aubergines... Mais aujourd'hui non, car il fait trop chaud et il n'y a pas assez d'eau, alors tout meurt. »

Une sécheresse record

Cet Irakien laboure ces terres depuis son plus jeune âge. Comme son père, avant lui. Mais le métier devient de plus en plus difficile, dit-il... L'Irak vit sa deuxième saison la plus sèche depuis 40 ans et manque cruellement de ressources hydriques. Les agriculteurs tentent de trouver des solutions, mais elles restent limitées.

« Le niveau des rivières est très bas, alors on a creusé des puits et installé des pompes pour irriguer les champs. Le problème, c'est que ces stations de pompage ne fonctionnent pas toujours à cause des coupures d'électricité dans le pays. »

Faute de rentabilité, beaucoup de propriétaires ont vendu leurs terres ces dernières années. Le cheikh Mohammed, à qui appartient les champs cultivés par Taleb, y pense aujourd’hui. Habillé d'une tunique blanche, il salue l'agriculteur et explique sa position : « Les fruits ne rapportent pas beaucoup d'argent, parce qu'on dépense tout pour les faire pousser ! Alors les autres propriétaires ici ont préféré raser leurs champs, les diviser en portions et les vendre pour construire des bâtiments ».

Les terres agricoles disparaissent dans le pays

Faute de ressources en eau suffisante, les responsables irakiens ont annoncé en octobre devoir réduire de moitié les zones cultivées pour cet hiver. Les terres agricoles disparaissent en Irak, et avec elles, les matières premières du pays.

Alors les ONG tirent la sonnette d'alarme. « La situation est principalement due au réchauffement climatique, mais il y aussi la diminution du débit des fleuves dans le pays, expliqueSamah Hadid, le porte-parole du Conseil norvégien pour les réfugiés. L'Irak dépend fortement des pays voisins pour son approvisionnement en eau car il est en aval des deux fleuves de l'Euphrate et du Tigre. Donc les pays de la région doivent aussi prendre plus au sérieux les accords pour le partage de ces ressources ».

Sans entente, ses habitants continueront de voir leurs terres s'assécher, leurs cultures mourir, et n'auront pas d'autres choix que de quitter les zones rurales pour les villes ou pour ailleurs, où le réchauffement climatique n’est pas encore devenu insupportable.

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