Reportage international

Israël ouvre sa frontière aux agriculteurs libanais: «de la communication pour les médias»

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Le 26 octobre, l’armée israélienne a annoncé l’ouverture de la frontière entre l’État hébreu et le Liban, à l’occasion de la récolte des olives. Selon le communiqué israélien, ce geste avait pour but de venir en aide aux habitants du pays du cèdre, frappés par une crise économique sans précédent. 

L’agriculteur Saïd Abbas devant les barbelés qui marquent la frontière entre le Liban et Israël.
L’agriculteur Saïd Abbas devant les barbelés qui marquent la frontière entre le Liban et Israël. © Noé Pignède/RFI
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Aux abords du village de Bleeda, la récolte des olives touche à sa fin. Dans cette zone où des échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah ont régulièrement lieu, rien ne semble ces jours-ci pouvoir détourner les agriculteurs de leur travail. Au-dessus de leurs têtes pourtant, des drones israéliens survolent régulièrement le périmètre et au sol, de nombreuses patrouilles de casques bleues en charge de maintenir la paix à la frontière sillonnent les champs d’oliviers.

« Ici, c’est la ligne bleue. Là, c’est Le Liban, et là, c’est la Palestine occupée. La route juste en bas d’ici, c’est Israël ? « Oui… Enfin non ! C’est la Palestine, pas Israël ! », nous dit Monsieur Ghazi qui travaille pour la municipalité de ce village, en partie située sur un territoire disputé. Avec lui, nous traversons la ligne de démarcation tracée par l’ONU en 2000, après le retrait des forces israéliennes qui occupaient le Sud Liban. Théoriquement, nous sommes donc en Israël. Mais le mur qui sépare les deux pays se trouve en fait quelques centaines de mètres plus bas et celui-là reste infranchissable.

Pour monsieur Ghazi, la déclaration de l’État hébreu, qui affirme que les paysans de son village peuvent cette année franchir la frontière pour récolter leurs olives, relève de la propagande : « Où sont les points de passage ? Les frontières sont fermées. Regardez par vous-même : vous voyez quelque chose d’ouvert, vous ? Un endroit où l’on peut traverser ? C’est juste de la communication pour les médias, rien de plus. S’ils ouvraient vraiment, nous irions de l’autre côté récupérer nos terres ! »

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« Nous circulons librement »

Selon lui, comme selon un responsable de la force intérimaire des Nations unies au Liban que nous avons contacté, l’armée israélienne joue sur les mots : les paysans travaillent bien des deux côtés de la ligne bleue qui fait office de frontière, mais cette tolérance n’a rien d’exceptionnel : « Quand c’est la saison des olives, comme durant le reste de l’année, nous circulons librement. Personne ne peut nous en empêcher », déclare Monsieur Ghazi.

En revanche, les agriculteurs assurent ici que personne n’a été autorisé à franchir le mur en contre-bas. L’un d’entre eux, Tarrab, ironise de la déclaration de l’armée israélienne : « Les Israéliens sont trop bons ! C’est fou comme ils nous aiment ! Ils se préoccupent tellement du bien-être des Libanais que quand nous travaillons ici, dans nos champs, ils tirent en l’air pour nous effrayer. »

Ce fermier admet cependant n’avoir fait face à aucune intimidation de la part des forces israéliennes depuis le début de la récolte des olives, mais il assure que les terres situées de l’autre côté du mur dont il revendique la propriété sont cette année, comme les précédentes, restées inaccessibles.

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