Lituanie: les migrants refoulés par les gardes-frontières
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Depuis le début de l’été, la Lituanie connaît une importante vague migratoire, orchestrée par le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko. Alors que la situation s’est tendue en Pologne, la Lituanie a déclaré depuis le 10 novembre l’état d’urgence à sa frontière pour se protéger. Si les migrants ne sont pas aussi massivement présents qu’en Pologne, les gardes-frontières refoulent tous les jours quelques dizaines de personnes. Reportage à la frontière.

De notre correspondante à Vilnius,
C’est l’agitation dans les locaux du groupe de bénévoles Siena. Un Lituanien et une Portugaise sont de garde. Ils ont reçu un appel au secours d’un groupe avec des petits enfants.
Les bénévoles font réchauffer des soupes. Ils versent du thé dans des thermos. Des chaussures et des combinaisons chaudes pour les enfants dépassent des sacs. Dalia Beigiene héberge l’association dans son centre de formation.
« On doit aider les gens, on doit aider les enfants, sans se demander comment ils se sont retrouvés dans une telle situation aujourd'hui », raconte-t-elle.
Pendant que l’on contrôle nos autorisations, l’hélicoptère de l’armée qui assiste les gardes-frontières se met à tourner pour tenter de repérer le groupe de migrants. La frontière est à moins de 500 mètres, mais on ne la voit pas. Ils sont là, le long d’un sentier. Dans l’une des tentes, les femmes et les enfants se tiennent chaud en restant collés les uns aux autres.
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Ils sont 14. Deux Somaliennes et des Kurdes irakiens. Il y a six enfants. Le plus petit a à peine deux ans. L’un des pères de famille raconte leur périple.
La police lituanienne m’a attrapé et m’a dit retourne en Biélorussie. La police biélorusse nous dit, non, vous ne pouvez pas retourner à Minsk, vous devez retourner en Lituanie. Et comme ça tout le temps, au moins 20 fois, nous avons fait l’aller-retour avec la Pologne. Nous avons juste besoin d’aide, nous ne voulons pas retourner en Biélorussie
Les gardes-frontières récupèrent leurs passeports. Le groupe est emmené au chaud. Une fois partis, il ne reste de ce camp de fortune que quelques détritus et cinq paires de chaussettes détrempées. Mendel, l’un des bénévoles.
« On essaye d’être là pour leur donner de la nourriture chaude, des habits secs. Peut-être notre présence peut empêcher que les gens soient refoulés en Biélorussie. Il y a vraiment des personnes qui doivent obtenir l’asile », affirme-t-il.
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Tout est bien qui finit bien. Malheureusement pas dans leur cas. Les autorités ont annoncé que le groupe a été ramené le lendemain à la frontière. Les enfants ne peuvent pas être un prétexte à la migration illégale a déclaré la ministre de l’Intérieur. À une centaine de kilomètres de la frontière, au Parlement, quelques députés s’inquiètent. lIs ne veulent plus avoir seulement les expressions « attaque hybride » et « état d’urgence » à la bouche.
« Il s’agissait vraiment d’un groupe de personnes vulnérables, s'attriste le député Tomas Tomilinas. Ils auraient vraiment dû être acceptés en Lituanie pour raison humanitaire. Il y a des exceptions pour demander l’asile quand on passe illégalement, mais tout est très flou. La présence d’avocats, d’humanitaires changerait la situation. »
Depuis le début de l’été, la Lituanie a déjà procédé à plus de 7 800 refoulements. Jusqu’à présent, seulement quinze personnes ont pu obtenir l’asile.
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