Reportage international

Chili: des électeurs inquiets ou indécis face à la polarisation de la présidentielle

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Au Chili, ce dimanche a lieu l'élection présidentielle la plus importante depuis la fin de la dictature du général Pinochet, en 1990. Car le scrutin intervient deux ans après le soulèvement lancé en octobre 2019 contre les inégalités sociales. Mais aussi en pleine rédaction d'une nouvelle Constitution, qui pourrait remplacer le texte hérité de la dictature. Or, jamais une présidentielle n'avait été si polarisée depuis le retour à la démocratie. Le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, défenseur historique de la dictature, est opposé à l'ancien leader étudiant de gauche Gabriel Boric. Un scrutin qui génère une certaine inquiétude parmi les électeurs.

Le dernier face-à-face télévisé du 2e tour de la campagne présidentielle chilienne a opposé Gabriel Boric (à gauche) à José Antonio Kast (à droite), le lundi 13 décembre 2021.
Le dernier face-à-face télévisé du 2e tour de la campagne présidentielle chilienne a opposé Gabriel Boric (à gauche) à José Antonio Kast (à droite), le lundi 13 décembre 2021. © AP / Elvis Gonzalez
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Dans les rues piétonnes du centre-ville de la capitale, les passants font leurs achats de Noël. Et des sympathisants du candidat de gauche Gabriel Boric, 35 ans, distribuent des tracts.

Carolina Santana, 41 ans, travaille dans un hôpital public et a prévu de voter pour lui. Elle soutient la plupart des réformes qu'il propose dans la santé, l'éducation et les retraites. Mais pas seulement : « Ce qui me convainc chez lui, c'est qu'il soutient l'Assemblée constituante que nous avons, car c'est quelque chose pour lequel nous nous sommes mobilisés depuis 2019. »

Elle a été très surprise que le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, un défenseur historique de la dictature, arrive en tête du premier tour : « Je n'arrivais pas à y croire... Mais dans ce pays, certaines plaies ne sont pas refermées, en particulier concernant les droits de l'homme. Je dois admettre que j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer dimanche. »

Une présidentielle encore très indécise

L'élection s'annonce en effet très serrée entre les deux candidats.

Mario Vargas, 61 ans, propriétaire de plusieurs commerces, votera lui sans hésitation pour José Antonio Kast. Et même si le Chili est le pays le plus sûr d’Amérique latine, il est préoccupé par les sujets de la sécurité et de l'immigration : « Il va nous débarrasser de la délinquance, du trafic de drogue. Les gens qui sont venus de l'étranger détruisent notre pays. On a besoin d'un président qui prenne les choses en main, avec autorité, pas d'un président qui nous mène vers le Venezuela, le Nicaragua ou Cuba. »

Cette élection, c'est la liberté ou le communisme, assure ainsi José Antonio Kast, car son concurrent de gauche est allié au Parti communiste. Pourtant, Gabriel Boric a un programme plutôt social-démocrate, et José Antonio Kast défend plusieurs mesures autoritaires.

À cause de la forte polarisation de la campagne, certains électeurs sont indécis, ou voteront soit blanc soit nul, comme Carmen Gloria Rosselot, une retraitée du nord du pays : « Je voterai mais je vais annuler mon vote, car je ne suis ni de droite, ni de gauche, je suis du centre. » Elle n'est convaincue par aucun des deux candidats.

Et malgré la présence de l'extrême droite au second tour de la présidentielle, près de la moitié des électeurs chiliens pourraient encore une fois bouder les bureaux de vote ce dimanche.

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