Quel avenir pour les réfugiés syriens de Jordanie ?
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Des conditions de vie de plus en plus difficiles dans un contexte bien particulier : le rapprochement entre Damas et Amman. Depuis plusieurs mois, les deux régimes multiplient les discussions, rouvrent leurs frontières et reprennent les échanges économiques. Une situation qui inquiète les 1,4 millions de réfugiés syriens en Jordanie, pris en tenaille entre la menace d’un retour forcé et un quotidien précaire.

De notre correspondante dans le camp d’Ad-Dafyaneh à la frontière entre la Syrie et la Jordanie,
Ils sont près de 200 réfugiés à vivre dans le village d’Ad-Dafyaneh, à 5 km de la Syrie. Contrairement aux camps officiels encadrés par le gouvernement jordanien, ici pas de maisons en dur. Les réfugiés vivent dans des tentes faites de bâches et de couvertures. La crise économique ne fait qu’aggraver une situation déjà précaire.
« Chaque année, la vie devient plus difficile, raconte Sahar, originaire du nord de la Syrie. Je dois dépenser toujours plus pour mes enfants, dans les couches, dans le lait. Mais il n’y a pas de travail. Nous n’avons rien, pas de moyens de transport. Je ne peux même pas offrir une éducation à mon fils. »
Depuis le début de la crise sanitaire, les emplois se font de plus en plus rares. Résultat : beaucoup de réfugiés ne comptent plus que sur la présence des ONG. Mais là aussi, la situation se dégrade. Basma a fui Alep avec sa famille il y a sept ans.
« Les aides baissent de plus en plus. Nous ne recevons déjà plus de versements mensuels ni de coupons alimentaires. C’est difficile, vraiment difficile et ça me fait peur. »
Car faute de fonds, beaucoup d’ONG mettent fin à leurs projets. C’est le cas par exemple de l’organisation italienne Vento di Terra, présente depuis 2014 en Jordanie. Pour Heba Abu Ghazleh, coordinatrice de projets sur le terrain, la situation est alarmante. « Les donneurs se concentrent sur d’autres pays, donc la plupart des ONG en Jordanie ferment leurs bureaux et partent. Ça va impacter directement les réfugiés. Les services d’assistance santé et de distributions d’argent vont s’arrêter, les services d’éducation vont être réduits. Après notre départ, il n’y aura plus rien pour eux. »
La peur du retour en Syrie
Malgré tout, peu de réfugiés imaginent rentrer en Syrie. D’abord pour des raisons économiques, souligne Ahmed, en Jordanie depuis 2014 : « Je travaillais dans une ferme, mais la guerre a tout détruit. Maintenant, il n’y a plus de terres à cultiver, plus de travail ni de maison où vivre. »
D’autres craignent la répression du régime de Bachar el-Assad. Assis sur un coussin, les traits tirés, Khaled écoute les messages vocaux envoyés par sa famille encore en Syrie. Elle le supplie de rester en Jordanie. « Ce que je souhaite, c’est être en sécurité. Je ne peux pas me permettre de rentrer en Syrie, car là-bas, je suis menacé. Même si ici la vie est chère, si je rentre, ma famille sera en danger et ils me tueront. »
Seuls 280 000 Syriens sur les plus de six millions qui ont fui le pays sont officiellement rentrés depuis 2016. En provenance du Liban et de la Jordanie, ils ont pour beaucoup subi des violences et des abus à leur retour.
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