Reportage international

Royaume-Uni: un an après, les conséquences du Brexit pour les commerçants

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Depuis un an, le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne. Les conséquences n’ont pas tardé à se manifester comme dans cette rue commerçante à Londres, dans le quartier de Hackney.

Depuis le Brexit, les prix des produits importés au Royaume-Uni depuis l'Europe a augmenté.
Depuis le Brexit, les prix des produits importés au Royaume-Uni depuis l'Europe a augmenté. © AP/David Cliff
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De notre correspondante à Londres,

Stéphane gère un café et une épicerie fine sur Broadway Market, dans le nord-est de Londres. Pour ce Français installé dans la capitale il y a 17 ans, c’est encore douloureux de parler du Brexit. Depuis un an, le personnel se fait plus rare, il y a moins de travailleurs compétents dans le service et plus d’étudiants européens. « C’est le délire. À une époque il y aurait eu bien plus de Français, là sur une équipe de 20 il n’y a que deux Français et les Britanniques bien plus qu’avant », constate-t-il. 

Quant aux produits qui viennent d’Europe, leur prix ne fait qu’augmenter à cause des douanes. Difficile de faire ses stocks comme avant surtout que, dans son épicerie, Stéphane vend majoritairement de la nourriture importée du continent. « On est encore un peu dans le flou, les règles recommencent à changer, ça me dépasse. De passer d’un marché complètement ouvert. Par exemple, je n’arrive plus à me procurer des Saint-Marcellin. Ils ont mis un embargo, on n’en envoie plus en Angleterre et je ne sais pas vraiment pourquoi », dit Stéphane. 

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Privilégier les produits britanniques

La clientèle n’est plus la même non plus, conséquence aussi de la pandémie. Mike, le poissonnier à quelques minutes de l’épicerie de Stéphane est moins pessimiste. Cet Anglais se dit peu impacté par le Brexit. Il décide de privilégier les produits britanniques.

Nous nous approvisionnons principalement au Royaume-Uni. Donc, il y a eu plus de poissons et de fruits de mer disponibles. Nous avons décidé d’aider les pêcheurs que nous soutenons normalement en vendant plus dans les restaurants, en vendant plus dans notre magasin parce qu’ils ont besoin de notre soutien. C’est vrai que pour les produits que nous achetons en France ou en Italie, le prix est plus élevé et les produits moins disponibles.

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« Ces effets prendront beaucoup plus de temps à se concrétiser »

Et pour le personnel, il n’embauche que des Britanniques ou des étrangers qui vivent ici depuis longtemps. Pour l’économiste du Kings College de Londres, Jonathan Portes, tout cela va prendre du temps. Le Brexit reste une mauvaise nouvelle pour l’économie du pays, mais les ménages ne ressentent pas encore ses conséquences.

Alors que le commerce a certainement été touché par le Brexit, il n’a pas encore eu beaucoup d’impact sur le PIB, les emplois et les salaires. Ces effets prendront beaucoup plus de temps à se concrétiser. Ainsi, la meilleure estimation que nous puissions faire est que sur 5, 10 ou 15 ans, la croissance du Royaume-Uni sera affectée, mais il ne faut pas exagérer. Le Royaume-Uni restera une économie ouverte de taille moyenne et petite, commerçant beaucoup avec l’Union européenne et le reste du monde. Nous aurons du mal à nous développer pour élever le niveau de vie, mais cet effet ne sera pas catastrophique, nous serons considérablement pauvres, mais ce ne sera pas la fin du monde.

Il ajoute que les échanges commerciaux entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ont chuté de 15 % depuis le Brexit… 

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