États-Unis: les réfugiés afghans aidés pour s'adapter à leur nouvelle vie
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Depuis la prise de Kaboul par les talibans, le 16 août 2021, les autorités américaines ont accéléré le processus de rapatriement et d’installation des réfugiés afghans aux États-Unis, soit 76 000 personnes. D’abord envoyés dans des camps militaires répartis dans tout le pays, ces Afghans ont depuis la fin novembre été envoyés dans 46 États. Il faut les nourrir, les loger, les insérer, scolariser les enfants, leur apprendre les b.a.-ba de leur nouvelle vie aux États-Unis. Le tout en quelques mois, avant que les aides sociales ne s’arrêtent. Un afflux de réfugiés auxquels les organisations font face bon an, mal an.

De notre correspondant à Houston,
Ils jouent à la toupie ou attendent sagement leur tour assis sur une chaise. Une trentaine d’enfants afghans et leurs parents se succèdent devant l’infirmière dans les locaux de Interfaith Ministries. Pour recevoir les vaccins obligatoires comme le DT polio qui leur permettront d’aller à l’école. Tout contents d’avoir reçu leur sésame, les deux enfants d’Abdul Salam jouent dehors. « Pour des enfants, c’est vraiment difficile. Pour eux tout est nouveau, la culture est différente, on voit partout des très grandes tours », dit-il.
Comme eux, ils sont 4 286 réfugiés afghans à être arrivés à Houston depuis la prise de Kaboul par les talibans. Les organisations qui les hébergent et leur cherchent des logements n’avaient pas connu ça depuis l’arrivée massive des Vietnamiens dans les années 1970 et 1980.
Dario Liopvac, en charge des réfugiés au YMCA International Service, explique que « ce qui a changé depuis ces derniers mois, depuis la chute de Kaboul, c’est le nombre de gens qui arrivent sur une très courte période. Pour mettre ça en perspective : l’année dernière, on avait trouvé des logements pour 240 personnes, l’année d’avant pour 230 personnes. Et rien que la semaine avant Thanksgiving fin novembre, 280 personnes. Nous manquions de tout et on n’avait pas suffisamment d’appartements disponibles », affirme-t-il.
Des centaines d’Afghans en attente de logement pérenne
En 2020, le Texas a relogé 900 réfugiés en une année, et là ils sont près de cinq fois plus, uniquement à Houston en l’espace de trois mois. Alors, des centaines d’Afghans attendent encore un logement pérenne, qui leur permettra de demander un permis de conduire, de postuler pour du travail et d’envoyer les enfants à l’école.
Muhammad Nikzad vient d’obtenir un appartement avec sa famille. En attendant d’avoir des papiers pour travailler, il est devenu bénévole et fait des traductions farsi-anglais, comme il l’avait fait pour l’armée américaine en Afghanistan. « Cela fait quatre jours qu’on a un appartement, avant on était en hôtel, et avant ça, dans un camp militaire du New Jersey pendant cinq mois. J’espère que j’aurai un avenir favorable ici aux États-Unis. Vous savez, on a dû quitter l’endroit où on a grandi et on est vraiment triste », souligne Muhammad.
« C’est déroutant, mais il faut s’adapter »
Or les réfugiés n’ont que trois ou quatre mois une fois installés pour s’adapter à leur nouvelle vie. Passé ce stade, ils sont supposés être devenus indépendants. Ali al-Sudani a vécu ce parcours. Ancien réfugié d’Irak, il est aujourd’hui responsable des programmes à Interfaith Ministries, à Houston. « Toutes ces démarches peuvent sembler insurmontables. Oui c’est déroutant, mais il faut s’adapter. Cela prend du temps pour qu’ils enregistrent les informations qu’ils reçoivent pour appréhender cette nouvelle réalité, et pour réaliser qu’ils ont retrouvé un équilibre », dit Ali al-Sudani.
Depuis le mois d’août, 76 000 Afghans ont été rapatriés aux États-Unis, 8000 se trouvent encore dans des camps militaires.
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