Guerre en Ukraine: les conséquences sur l'approvisionnement en gaz russe pour l'Allemagne
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Dépendante à plus de 50% de la Russie pour ses importations de gaz, Berlin est contraint de revoir de fond en comble sa stratégie énergétique. Et face aux inévitables augmentations de prix, la population est inquiète.

De notre correspondant à Berlin,
Sur le chemin de son travail, cet Allemand exprime la peur partagée par nombre de ses concitoyens : le déclenchement de la guerre en Ukraine a fait s’effondrer en quelques jours une politique énergétique vieille de plusieurs décennies. « Quand les prix de l’énergie augmentent, ce n’est jamais bon pour qui que ce soit. Ce n’est pas bon pour le marché de l’emploi, et cela entraîne automatiquement des augmentations sur tous les produits. On peut même avoir peur d’une énorme inflation, ce qui serait dramatique pour notre économie. »
Importateur historique de gaz russe, l’Allemagne a ainsi par la voix de son chancelier Olaf Scholz suspendu l’homologation de Nord Stream 2. Gazoduc dont les travaux sont pourtant achevés depuis septembre 2021 et qui relie le nord de l’Allemagne à la Russie à travers la mer Baltique. Un projet stoppé net : cette semaine, la société Nord Stream 2 a été mise en dépôt de bilan et plus de 100 collaborateurs ont perdu leur emploi.
« Le vent avait déjà tourné dès le début de l’hiver »
Professeur renommé d’économie environnementale et des ressources, Andreas Löschel souligne la naïveté de l’Allemagne : « Le vent avait déjà tourné dès le début de l’hiver, bien avant le déclenchement de la guerre. Les exportations de gaz depuis la Russie ont été réduites au minimum depuis plusieurs mois déjà. Malgré des prix record ! Nous voyons donc bien que cela fait partie d’une stratégie plus globale de la part de la Russie. »
Une situation qui a même poussé Robert Habeck, ministre écologiste de l’Économie, à envisager une augmentation des importations de charbon. La fédération des petites et moyennes entreprises appelle de son côté à un moratoire sur l’abandon du charbon d’ici 2030, pourtant décidé à la fin de l’année dernière.
L’Allemagne cherche à présent à diversifier ses fournisseurs, et va devoir se tourner vers des pays comme les États-Unis et le Qatar. Avec un problème de taille : ces pays exportent du gaz naturel liquéfié, et l’Allemagne ne dispose à ce jour d’aucun terminal approprié…
Nous avons un besoin urgent de nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié. La construction d’un terminal prend cependant en moyenne entre 3 et 4 ans. On peut bien sûr tout faire pour que cela aille un peu plus vite mais cette nouvelle stratégie ne saurait constituer une solution à très court terme. Nous allons donc devoir vivre avec les infrastructures actuelles. Cela va être difficile mais une fois ces nouveaux terminaux mis en exploitation, le ciel devrait se dégager.
Abandonnés il y a deux ans faute de soutien politique, deux projets de terminaux sur les côtes de la mer du Nord ont été relancés en urgence pour un coût qui approche le milliard d’euros.
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