Guerre en Ukraine: à Irpin, la difficile traversée vers les couloirs humanitaires
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Dans la banlieue de Kiev, au nord-ouest de la capitale, à Irpin et Boucha, des combats de haute intensité se poursuivaient ce jeudi 10 mars, ainsi que dans la ville voisine d'Hostomel. Les habitants, pour leur part, continuent de fuir en empruntant l'un de ces désormais tristement célèbres « couloirs humanitaires ».

De nos envoyés spéciaux à Irpin,
En équilibre sur des planches instables et des décombres, des dizaines de personnes traversent l’Irpin, la rivière qui donne son nom à la ville. Avant, il y avait un pont ici, mais il a été bombardé par les Ukrainiens. « C’est pour que les troupes russes ne puissent pas s’approcher de Kiev », dit-on.
Le passage est sécurisé par des soldats. Armes en bandoulière, ils portent des brancards sur lesquels des vieillards sont allongés, hébétés, transis de froid. Le vent est glacial.
Ce jeune soldat surveille les alentours. « Chaque jour, 1 000 ou 2 000 personnes passent ici, cela dépend… S’il n’y a pas trop de bombardements, c’est plus calme. Si ça tombe fort, les gens affluent. Mais les vieilles personnes, elles, ne veulent pas quitter Irpin », explique-t-il.

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« Plus de réseau, plus d’eau, plus de nourriture, plus de vie »
À quelques kilomètres, d’énormes détonations résonnent, mais plus personne ne sursaute. Une grosse valise à la main, plusieurs couches de pulls sur lui, cet homme a fui la ville : « Rue Pouskinska, à Irpin, il y a des voitures brûlées, des corps sans vie, des maisons explosées. »
« À Boucha, c’est l’enfer », lance ce trentenaire. Sa femme complète le tableau. « Il n’y a plus de réseau, plus d’eau, plus de nourriture, plus de vie », se désole-t-elle.
Sans réseau, et dans la précipitation des départs, difficile de retrouver ses proches. Cette femme nous demande de diffuser un message si jamais son fils l’entend : « Je n’ai pas de nouvelle de mon petit garçon. Je m’appelle Roxana, j’habite à Boucha, je suis née à Saint-Pétersbourg. Nous allons à Kiev. Je suis Russe, mais maintenant je ne me sens plus du tout russe », s’exclame-t-elle.

Les difficultés d’accès au couloir d’évacuation
Une fois la rivière traversée, les réfugiés doivent encore porter leurs lourds bagages sur une centaine de mètres avant de monter dans des bus réquisitionnés. Mais encore faut-il pouvoir arriver jusqu’à ce corridor humanitaire.
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« Tous les 150 mètres, il y a des check-points, ils contrôlent les passeports, c’est très long ! Hier, on a essayé de sortir de la ville en voiture, mais des hommes armés nous ont dit qu’ils allaient nous tirer dessus, car on n’a pas le droit de s’enfuir en voiture », dit un réfugié.
Ce couloir d’évacuation n’est pas ouvert tout le temps. Cela dépend des combats, mais aussi de l’heure. Il ferme avant la nuit, explique ce soldat : « Les bombes tombent en permanence. Mais avec l’obscurité, ça devient encore plus dangereux. Et pour nous, le plus important, c’est d’évacuer le maximum de personne, mais toujours en sécurité ».
Dès la fin du couvre-feu, à 8 heures, les évacuations d’Irpin et de Boucha reprendront ici. Avec le flot de nouveaux réfugiés que les combats de la nuit auront convaincus de tout laisser derrière eux.

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