Russie: les salariés de l'usine Renault/Avtovaz de Togliatti inquiets pour leur avenir
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Les 40 000 employés de l’usine Renault/Avtovaz à Togliatti, au sud-est de Moscou, doivent prendre ce lundi leurs trois semaines de congés d’été. Une décision prise par le premier constructeur automobile du pays en raison d'une pénurie de composants due aux sanctions occidentales. Quelques jours après, le groupe annonçait l'arrêt de son usine de Moscou et l’évaluation « des options possibles concernant sa participation dans Avtovaz ».

De notre envoyée spéciale à Togliatti,
C’est une ville de 700 000 habitants aux bords de la Volga faite pour la voiture avec ses larges routes à plusieurs voies, construite grâce à la voiture et notamment aux célèbres Lada. On retrouve le journaliste local Pavel Kaledin dans un café qui surplombe la cité ouvrière.
« Ici, nous nous trouvons dans une zone où absolument tout a été construit par Avtovaz. Jusqu'à l'arrivée de Renault-Nissan, 450 000 personnes vivaient encore ici. C’était comme une grande ville dans la ville. Il y a aussi deux autres zones à Togliatti où vivent 250 000 personnes et où, comme ici, écoles, jardins d'enfants, installations sportives, tout a été fait par Avtovaz. C'était comme ça à l'époque soviétique. L’usine a en quelque sorte construit la ville, et construit et entretenu également toutes les infrastructures sociales, ajoute le journaliste. Les gens qui sont nés et ont grandi à cette époque se souviennent de tout ce qu'Avtovaz a mis en place et entretenu. Avtovaz était en quelque sorte aussi le propriétaire de la ville. Dans les années 90, l’entreprise choisissait même le maire. Pas officiellement évidemment, mais c’était le cas. »
Impact des sanctions
C’est dans cette usine qu’en 1986 Mikhaïl Gorbatchev est venu prononcer pour la première fois le mot « Perestroïka ». Trente ans après la chute de l’Union soviétique, la privatisation et la mondialisation, les sanctions sont pour les ouvriers comme un nouveau saut dans l’inconnu. Seule certitude pour Maxim, syndicaliste à l’usine Avotvaz : ce sera difficile.
« Quoi qu’on en dise, les sanctions nous affectent. L'économie est la base de tout, le reste n'est qu'un complément. C’est la vie des gens qui est en cause. Bien sûr, nous devrons faire avec. Ce n'est pas comme si on avait le choix. Nous devrons survivre, explique Maxim. Qu’on soit d’accord avec ce qu’il se passe actuellement ou non, nous devrons survivre. Mais oui, les sanctions vont avoir un impact négatif. Pour moi, pour ma famille. Nous allons peut-être devoir affronter une énorme montée du chômage. »
Assis en face de lui à la table en toile cirée du local du syndicat, Nikolaï, lui, en est sûr : quoi que que réserve l’avenir, il est possible de s’en sortir. « Bien sûr, cela va changer les choses, les rémunérations vont être plus basses, il y aura des tensions. Nous allons devoir réduire nos besoins, arrêter de travailler. Mais nous sommes russes, alors vous savez, tout le monde sait se débrouiller pour avoir une petite ferme dans sa datcha ou quelque part ailleurs, avec un jardin à cultiver, des poules. Moi-même j’ai environ 50-60 animaux : des cochons, des bœufs, des veaux. Environ 40 poulets. Mes parents m'ont appris toute ma vie que si c'est difficile, il faut savoir se débrouiller quand même. C’est ce que j’essaie de faire. »
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