Reportage international

Guerre en Ukraine: à Dnipro, le régiment Azov fait des émules

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À l’usine Azovstal de Marioupol, entre quelques évacuations de civils, seule une poignée de combattants ukrainiens fait encore face aux forces russes. Parmi eux, le régiment Azov, formation dont l'origine néonazie ne l'empêche pas de jouir d'une certaine aura, décuplée par l'offensive russe. Illustration à Dnipro dans une unité de la Défense territoriale mise sur pied par un membre du régiment Azov.

Défilé  des hommes du régiment  Azov  lors de la Journée des volontaires ukrainiens à Kiev, en Ukraine, le 14 mars 2020. (Image d'illustration)
Défilé des hommes du régiment Azov lors de la Journée des volontaires ukrainiens à Kiev, en Ukraine, le 14 mars 2020. (Image d'illustration) AP - Efrem Lukatsky
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Au sommet d’une petite colline dans les environs de Dnipro, des tranchées ont été creusées dans la terre. Dans cette région, il y a 90 ans, une famine orchestrée par Staline a fait d’innombrables morts. Ce souvenir hante les mémoires et les discours.

Serhiy Tischenko, 36 ans, commandant de l'unité, a adhéré en 2014 à « Secteur droit », un parti politique ultranationaliste avant de glisser naturellement vers le régiment Azov qui en est une émanation. « C’est à partir de 2017 que j’ai rejoint Azov, parce que j’avais beaucoup d’amis qui en faisaient partie. »

Sur les bras de ces hommes, l’emblème du régiment sur un fond jaune et bleu, couleurs de l’Ukraine, un crampon inspiré de la deuxième division nazie Das Reich.

Malgré l’odeur de soufre qui en émane, le commandant de l’unité l’assure : la propagande russe a échoué dans son opération de diabolisation du régiment Azov. « Ça a toujours été comme ça. Tous les discours de propagande de l’adversaire se concentrent sur Azov. On a essayé de nous détruire. Ça, c’était avant. Maintenant, on parle en bien de ce régiment, parce qu’il a montré des résultats sur le terrain, explique Serhiy Tischenko. Je suis content qu’au bout du compte, les pays occidentaux ont changé leur regard sur Azov en particulier et sur l’armée ukrainienne en général. »

Le régiment attire de jeunes recrues

En 2014, alors qu’il est en première ligne face aux séparatistes pro-russes dans l’Est et à Marioupol sur la mer d’Azov – d’où son nom –, le régiment est intégré aux forces armées. De quoi attirer de jeunes recrues. Comme Nazar, 18 ans, un casque trop large et des yeux qui ne sont déjà plus ceux d’un enfant.

« Pour moi, c’était très important de rejoindre cette unité. C’est une structure sérieuse qui a une bonne réputation. C’est une grande responsabilité et je fais tout pour remplir au mieux mes missions afin de maintenir cette réputation, assure-t-il. Moi, je vois ça de l’intérieur. Et je ne vois aucun nazi parmi mes camarades. Je vois des grands patriotes et des nationalistes prêts à sacrifier leur vie pour sauver le pays. »

Dans le déchaînement de la guerre, ce discours nationaliste a gagné en force. Oubliée l’ascendance néonazie du régiment Azov. Du haut de sa colline, le jeune Nazar et ses camarades ne guettent qu’une chose : l’avancée des troupes russes.

© RFI

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