Koweït: une association pour venir en aide aux travailleurs domestiques victimes d'abus
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Un peu moins de 600 000 employés de maison travaillent au Koweït, selon les dernières statistiques officielles. En 2021, ce chiffre a toutefois baissé d'environ 11 % par rapport à l'année précédente. Dans ce petit Émirat peuplé par environ 4,2 millions d’habitants, les travailleurs domestiques ont particulièrement souffert des conséquences de la pandémie de Covid-19. L’organisation Sandigan leur vient en aide.

De notre correspondant dans la région,
C’est dans ce petit bureau, prêté par une ONG locale, qu’Ann Abunda vient en aide aux travailleurs domestiques du Koweït. Cette ressortissante philippine a créé il y a douze ans Sandigan. L’organisation, tolérée par les autorités, mais qui n’a pas de licence officielle pour opérer, a pour objectif de sensibiliser les employés de maison aux droits dont ils bénéficient.
« J’ai moi-même été travailleuse domestique », explique Ann Abunda. « J’ai fait face à différents abus : physiques, verbaux et psychologiques. Quand je suis sorti de la maison dans laquelle je travaillais, je me suis demandée si cela ne concernait que moi ou alors la majorité des travailleurs domestiques. C’est à ce moment que nous avons commencé le plaidoyer pour les travailleurs domestiques. »
Redonner confiance aux travailleurs domestiques abusés
Tous les vendredis, le jour de congé traditionnel au Koweït, Sandigan organise des ateliers de peinture ou encore de couture. Ce jour-là, Angel* est l’une de celles qui en bénéficient. Cette femme de ménage arrivée dans la péninsule arabique en 2019 a été violée par le propriétaire de son agence de recrutement. Elle attend à présent son rapatriement aux Philippines avec son enfant âgé d’à peine quelques semaines.
Selon Ann Abunda, ces ateliers permettent de redonner confiance aux travailleurs domestiques abusés. « L’objectif est de les autonomiser afin que les autres personnes puissent voir qu’ils ne sont pas simplement que des travailleurs domestiques. Mais qu’ils ont aussi des talents pour créer tout un tas de choses », dit-elle.
Des contrôles insuffisants
Sandigan propose aussi des aides psychologiques ou juridiques aux travailleurs domestiques dont la situation a empiré avec la pandémie de Covid-19. Les agences de recrutement, qui facilitent leur arrivée et leur placement dans les foyers, avaient en effet cessé d’être opérationnelles compte tenu des restrictions de voyage. Mais la demande est quant à elle restée toujours aussi élevée, ce qui a favorisé le marché noir.
Pour Liam*, un bénévole de l’organisation, les contrôles ne sont pas suffisants.
D’une certaine manière, les agences de recrutement sont régulées par le gouvernement. Et puis, le gouvernement a aussi passé deux lois : une contre la traite des êtres humains en 2014 et une autre pour les travailleurs domestiques en 2015. Donc c’est bien. Le seul problème, c’est la mise en œuvre. Une consultation tripartite devrait être ouverte lorsqu’il s’agit de réguler ces agences afin que les organisations de la société civile puissent aussi contribuer.
Au Koweït, des agences de recrutement sont régulièrement fermées par les autorités.
* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat.
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