Reportage international

Guerre en Ukraine: l'évacuation des civils loin du front se poursuit

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Un peu partout près du front, diverses organisations mettent en place des évacuations de civils. Des milliers de personnes, cherchant à échapper à la guerre, sont ainsi mises en sécurité, déplacées vers des zones plus éloignées des combats.

Évacuation des civils, trop proches des combats.
Évacuation des civils, trop proches des combats. © RFI/Sébastien Nemeth
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De nos envoyés spéciaux à Dnipro,

Alexander et Andrei sont prêts. Les deux chauffeurs de l’organisation FOP ont préparé leurs bus pour ramener saines et sauves, 36 personnes de Mykolaivka, une ville située tout près du front et régulièrement bombardée.

Si près des combats, l’opération est incertaine, explique Alexander. « Ce sont surtout des personnes âgées, des enfants, des handicapés, qui ne peuvent pas partir », explique-t-il. « Nous sommes privilégiés et nous sommes tous Ukrainiens donc on doit les aider. Mais attention, n’importe quoi peut arriver. Tout est entre les mains de Dieu et des Russes… »

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« Je pensais que la guerre s’arrêterait, mais je n’ai plus d’espoir... »

Arrivés en ville, les bus se garent près du Palais de la Culture alors que non loin, les bombes retentissent. Les habitants identifiés se pressent pour partir au plus vite. Marina Igerena vient de prendre place à bord. Depuis 40 ans, elle vit à Mikolaivka. Aujourd’hui elle est à bout. « Je pensais que la guerre s’arrêterait, mais je n’ai plus d’espoir. Alors je pars », se résout-elle. « La situation ne fait qu’empirer, les gens meurent, les maisons sont détruites. On part, mais on ne sait pas si notre maison sera toujours là quand on reviendra. »

Certains avaient déjà quitté Mykolaivka durant le conflit, avant d’y revenir à la faveur d’une accalmie. Mais cette fois-ci, le danger est trop grand. Yelena est en larmes. Avec son mari, elle part rejoindre ses enfants dans l’ouest de l’Ukraine.

C’est la troisième fois que je quitte ma ville. Nous avons trop peur désormais. C’est de la folie de rester. Une bombe a explosé à côté de chez nous. Donc, nous partons pour protéger notre famille. Nous resterons chez des proches puis nous chercherons du travail pour continuer à vivre.

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Pourtant, même si le danger devient insupportable, tout le monde n’a pas la possibilité de partir. Dans des adieux déchirants devant le bus, Svetlana doit laisser partir les siens et rester en arrière, seule avec son mari. Elle est bouleversée. « Je dois laisser partir mes trois petits-enfants. Nous n’avons pas assez d’argent pour aller avec eux. C’est très difficile. Même si je sais que là où ils vont, ils seront en sécurité », lâche-t-elle.

Chacun tente de fuir Mykolaivka pour Dnipro, loin des combats.
Chacun tente de fuir Mykolaivka pour Dnipro, loin des combats. © RFI/Sébastien Nemeth

Dnipro, loin des bombardements et des combats

Les bus sont pleins. Il est temps de partir. Chacun dit un dernier adieu et le convoi reprend la route en sens inverse. Au bout de quelques heures de route, les évacués arrivent à leur destination finale : Dnipro, loin des bombardements et des combats.

Ludmila n’a que deux sacs plastiques avec elle, avec quelques vêtements à manger. La voilà hors de danger et pourtant l’avenir reste très incertain. « Je me sens mieux. Le bruit des bombes était devenu insupportable. Je n’ai personne qui m’attend ici. Je ne sais même pas où je vais dormir. Mais l’important, c’était de partir. Je vais essayer de trouver du travail, même si je ne sais pas ce qui m’attend. »

Les bus devraient bientôt revenir à Mykolaivka où d’autres habitants sont candidats au départ. Le phénomène est constaté partout dans la partie du Donbass encore sous contrôle ukrainien, et qui se vide peu à peu de ses habitants.

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