Bolivie: des chercheurs s'intéressent aux momies pour en savoir plus sur les maladies du passé
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À La Paz, en Bolivie, une équipe de chercheurs des États-Unis, d’Italie, du Pérou et de la Bolivie, a étudié pendant plusieurs jours la collection de momies du musée d’archéologie. Elles sont une quarantaine, et datent de 1 000 à 1 450 après Jésus-Christ. Ces momies ont beaucoup de choses à révéler, notamment sur les maladies dont les personnes souffraient à cette époque.

De notre correspondante à La Paz,
Des anthropologues, des cardiologues, des microbiologistes sont affairés autour d’une table où est installée une momie en position fœtale. Tous portent des blouses de protection, des masques, on se croirait dans un bloc opératoire, mais on est en réalité au musée d’archéologie de La Paz.
Guido Lombardi, médecin et spécialisé en anthropobiologie, explique que « les momies andines en général ont l’avantage, si on les compare avec les très connues momies égyptiennes, d’avoir tous leurs organes à l’intérieur du corps. Les Andins à l’époque n’extrayaient les organes que de certaines personnes qui appartenaient à l’élite, comme les empereurs incas. »
Au-delà de l’inspection visuelle par les chercheurs, et du prélèvement d’échantillons, les momies vont passer d’autres examens et notamment des radiographies. « C’est un moyen non invasif de regarder à l’intérieur, comme par exemple pour ces momies qui sont enveloppées dans des linges inestimables que nous ne voulons pas détruire, vous pouvez ainsi regarder à l’intérieur du corps et voir leurs os dorsaux, les tissus connectés, les artères et les veines, parfois vous pouvez voir leur cerveau », détaille le cardiologue Chris Rowan. « Grâce à cela, nous pouvons facilement diagnostiquer des pathologies, nous avons vu des momies avec des vertèbres effondrées à certains endroits spécifiques où nous supposons donc une tuberculose avancée. »
Comprendre le passé pour soigner les maladies d’aujourd’hui
Chris Rowan fait partie du groupe Horus qui diagnostique des maladies cardiovasculaires chez les momies. Ces médecins opèrent main dans la main avec l’institut des momies de Bolzano, en Italie. Et ils ont déjà trouvé sur ces cadavres de plusieurs centaines d’années, des signes d’artériosclérose, une maladie qui endommage les artères, décrit le docteur Guido Lombardi.
Contrairement à ce que l’on croyait jusqu’à présent, que l’artériosclérose était une maladie moderne, fruit de la malbouffe et du fait d’être sédentaire, nous avons découvert que cette maladie existe depuis des milliers d’années, on la retrouve sur les momies égyptiennes, sur les momies incas, etc… Donc, maintenant, on se demande « si la cause n’est pas la vie moderne, alors par quoi est causée cette maladie ? » Car on ne sait pas d’où vient l’artériosclérose pour le moment. Mais quand on le saura, on pourra s’en prémunir plus facilement, car c’est la première cause d’infarctus, on parle tout de même de la première cause de mortalité dans le monde !
C’est donc peut-être en comprenant les peuples qui vivaient il y a plusieurs centaines d’années que les chercheurs parviendront à soigner des maladies aujourd’hui.
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