Tongil-Chon, le village au cœur de la frontière entre les deux Corées
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La Corée du Sud et les États-Unis de leur côté se préparent à voir Pyongyang passer à l’étape supérieure alors que les préparatifs pour ce qui sera le 7e essai nucléaire du régime des Kim semblent être terminé. Yoon Seok-Youl, le nouveau président sud-coréen est partisan d’une approche offensive des relations inter-coréennes, et sa rhétorique contribue à faire davantage grimper la tension dans la péninsule surtout chez les habitants d’un village coincé à la frontière entre les deux pays.

Sur les bords du fleuve Imjin les deux Corées se font face. À une heure de route au nord de Séoul, seuls les barbelés et les postes d’observation militaires obstruent la vue sur les imposantes montagnes du voisin communiste. Quelques kilomètres plus loin à un checkpoint plusieurs militaires inspectent scrupuleusement les papiers d’identité. Une ambiance pesante qui contraste avec celle de Tongil-Chon, le village de l’unification.
À l’entrée du bourg, un habitant avec une casquette vissée sur la tête nous observe. « Tout va bien, ici la vie est plutôt bonne, tout va bien », lance Chae Soon-soo. Né dans le village, à 83 ans il n’envisage pas la vie ailleurs. Il semble d’ailleurs imperméable aux essais de missiles intercontinentaux ou à la perspective d’un test nucléaire.
« Je ne suis pas forcément inquiet par les essais de missiles ou autres, car s’il y a la guerre, les gens dans toute la Corée vont mourir pas uniquement ici, au Nord ou au Sud. Et puis si le conflit ne se règle pas avec des armes nucléaires, dans ce cas nous avons bien plus d’armes conventionnelles que par le passé. Ici il n’y a pas une inquiétude particulière. »
Cernés par des installations militaires et des provocations
Une église, une école, des maisons devant lesquelles trône le drapeau sud-coréen, difficile d’imaginer à première vue que nous nous trouvons en bordure de la zone de guerre. Pourtant les 400 âmes qui peuplent village ont l’habitude d’une vie sous escorte militaire.
« Nos citoyens ici sont constamment dans un état de tension, la Corée du Nord est juste là. Mais ils sont habitués, ils ont vécu tellement de moments très compliqués, par exemple lorsque le pont entre les deux pays a été coupé. Juste en dessous de là où nous sommes actuellement il y avait un silo à blé, et nous avons vécu dedans quelque temps. Mais la vie s’est améliorée, il y a encore quelques années ici il y avait des mégaphones de propagande des deux côtés de la frontière, et c’était très bruyant ! », explique Lee Wan-Pae, le maire du village depuis 20 ans.
Derrière le maire, le drapeau nord-coréen flotte sur le village de Ki Jong-dong. Les deux communes séparées par une frontière de 4 km de large, et de 250 de long, truffées de mines et d’animaux partagent la même histoire. Celle de village créé pour montrer au voisin la richesse de son pays.
« Tongil-Chon, c’était un village avec des civils, mais il a été évacué pendant la guerre. En 1973, à une époque où la Corée du Nord vivait mieux que le Sud, afin que le gouvernement montre la prospérité du pays, ils ont construit 80 nouvelles maisons sur cette colline et différentes fermes pour que l’on puisse y vivre. Alors les gens qui sont nés dans le village sont revenus dans 40 maisons et 40 autres étaient destinés aux militaires à la retraite. Et c’est comme ça que l’histoire du village a débuté. »
Près de cinquante ans après sa reconstruction, Tongil-Chon s’est modernisé et les incidents se sont raréfiés. Mais la vie reste rythmée par ce conflit hors du temps, l’un des derniers vestiges de la guerre froide.
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