Suriname: l'exploitation future du pétrole ne fait pas l'unanimité
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La côte des Guyanes, en Amérique du Sud, serait-elle le nouvel eldorado de l'or noir ? Au Guyana, l'exploitation pétrolière a commencé en 2020. Mais chez son voisin, au Suriname, la perspective d'extraire du pétrole ne fait pas l'unanimité.

Le Suriname pourrait-il devenir prochainement un pays producteur de pétrole ? Les travaux d'exploration en mer, notamment menés par TotalEnergies, ont dès à présent annoncé des réserves suffisantes pour envisager une exploitation à l'horizon 2025. Une aubaine pour l'économie surinamaise, qui est en grande difficulté ?
René Artist est responsable du département de géologie à l'université du Suriname. « En ce moment, tout le monde regarde en direction de production pétrolière, parce que le Suriname a de gros problèmes économiques. Nous sommes très endettés, et nous devons rembourser les milliards de dollars à ceux qui nous ont prêté cet argent », explique-t-il.
Les espoirs des uns
Le Suriname, ancienne colonie hollandaise, a une longue histoire d'exploitation de ses ressources naturelles : le temps des plantations esclavagistes a laissé place à l'extraction de la bauxite, de l'or, du bois, sans que les 600 000 habitants du pays n'en bénéficient vraiment.
Jerome Egger connaît bien l'histoire de son pays, il l'enseigne à l'Université du Suriname. Cette fois, il veut être optimiste. « Nous espérons que nos politiciens vont être un peu plus intelligents et que l'investissement dans le pays, comme un tout, et dans la population dans son ensemble, sera faite d'une telle manière que dans le futur, nous pourrons continuer le développement du pays, même lorsque le pétrole et le gaz seront épuisés », espère-t-il.
L'inquiétude des autres
Mais là où certains voient une opportunité économique, d'autres s'inquiètent de cette future exploitation pétrolière. « La mer est très proche, il y a seulement une petite digue d'argile et cela n'est pas assez solide dès à présent pour retenir l'eau », explique Erlan Sleur, un militant écologiste surinamais. « Alors le niveau de la mer monte, tout Paramaribo et la zone littorale seront inondés. »
Le GIEC a classé le Suriname parmi les pays à haut risque face à la montée des eaux. Toute sa façade littorale et sa capitale sont menacées de submersion. Et Erlan Sleur ne peut s'empêcher de penser que le pétrole surinamais contribuera au réchauffement climatique. « Pour moi, c'est un sujet d'inquiétude majeur », indique le militant écologiste. « En sachant tout cela, je trouve que c'est tout bonnement irresponsable de la part de mon gouvernement, mais aussi de tous ces pays riches qui envoient leurs multinationales. »
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