Reportage international

«Pescorea», la petite Corée au nord du Mexique

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Il y a quelques années, sous l’impulsion de quelques multinationales, des milliers de ressortissants sud-coréens ont émigré dans la banlieue de Monterrey, dans le Nuevo Leon. Puis un constructeur automobile coréen s'est installé dans la petite ville de Pesqueria, la transformant radicalement. À tel point qu’elle est communément nommée « Pescorea » par ses habitants.

Monterrey, au Mexique, jeudi 7 juillet 2022. (Photo d'illustration)
Monterrey, au Mexique, jeudi 7 juillet 2022. (Photo d'illustration) © AP Photo/Fernando Llano
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De notre correspondante à Monterrey,

Dans un grand hangar de la banlieue de Monterrey, Adriana travaille pour un importateur de produits coréens. « Ce sont principalement des soupes instantanées et des boissons alcooliques typiques de Corée. La plupart de ces produits sont destinés au marché mexicain », explique-t-elle. « La demande a beaucoup augmenté grâce aux échanges culturels comme la K-pop et les films qu’on a aujourd’hui au Mexique. » 

Adriana est arrivée très jeune ici, quand son père est venu travailler au Mexique. « Très peu de Mexicains parlaient anglais comme moi, donc quand je suis arrivée, c’était un peu difficile. De fait, il n’y avait pas tant d’Asiatiques à l’époque, donc souvent, on me trouvait différente », se souvient-elle.

Quinze ans plus tard, la jeune femme a construit toute sa vie au Mexique. « Je n’ai jamais pensé retourner en Corée. Tu sais, comme ils disent, tu es bienvenue au Mexique. Je suis très reconnaissante envers les Mexicains, je crois que c’est pour ça je suis encore ici. »

En 2015, l’usine d’une grande marque automobile coréenne s’installe dans la petite ville de Pesqueria et est à l’origine d’une importante vague d’immigration coréenne. Dans les unités de productions se côtoient Mexicains et Coréens. David Kim, l’un des employés, s’amuse du choc culturel au travail : « Généralement, les Coréens préfèrent quand les choses vont vite, très vite… Mais ici, les Mexicains sont tranquilles, très tranquilles. »

Sa collègue Daniela travaille au Mexique depuis trois ans. Elle admet qu’elle se voit bien rester encore un peu : « Quand je suis arrivée ici, je n’avais aucun ami, je ne connaissais personne. Mais aujourd’hui j’ai plein d’amis et de collègues. Les Mexicains sont très ouverts, beaucoup plus que les Coréens ! »

Finalement, elle retrouve plusieurs points communs aux deux pays : « Les Coréens, on aime bien faire la fête et, ici, au Mexique, il y en a tout le temps. Et puis, entre la nourriture coréenne et mexicaines, beaucoup de plats sont identiques. »

Un goût partagé pour le piment qui participe à donner l’amour du Mexique aux Coréens, raconte Richard Han. Il dirige une agence de voyage et est le tout premier contact des expatriées à leur arrivée. « Les Coréens viennent travailler ici, au Mexique, avec leur famille. D’abord, la première réaction des épouses est de dire "non !" et se plaindre. Mais la dernière année, quand elles repartent, elles pleurent et disent "je ne veux pas rentrer, c’est très bien ici" », rapporte-t-il.

Depuis 18 ans qu’il est là, Richard fait du Mexique son pays d’adoption. « Je danse la salsa, le bachata aussi. Je chante, j’aime beaucoup la musique mexicaine donc je suis "mexicoréen" ! »

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