Les scooters électriques, l'imparfaite solution à la pollution de l'air en Inde
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Longtemps à la traîne face au reste de l’Asie, l’Inde voit les scooters et rickshaws électriques débarquer en masse dans les rues. De quoi espérer un air plus pur dans les villes, mais sans révolution des renouvelables et filière de recyclage des batteries, la « mobilité verte » risque de ne pas tenir ses promesses.

De notre correspondant à Bangalore,
Parmi les véhicules bruyants, sa silhouette futuriste et ses pics d’accélération détonnent. Teja, 27 ans, se félicite d’avoir laissé tomber sa voiture pour le scooter électrique Ather : « Aux feux rouges, les autres conducteurs me posent souvent des questions sur mon scooter ! Vous savez, les embouteillages peuvent être terribles en Inde et à Bangalore. Avec un Ather, on s’en tire comme un roi. C’est performant, c’est pratique et c’est très agréable à conduire. En plus, on fait des économies sur l’essence. »
Pour 1 500 euros, ce scooter électrique « made in India » offre 100 kilomètres d’autonomie. Un tarif un peu plus élevé que les scooters à essence, mais abordable.
Ravneet Phokela, directeur commercial d’Ather, table sur une croissance exponentielle des ventes. « Nous nous sommes lancés en 2015 à Bangalore, car c’est la ville pour les start-ups. Mais aujourd’hui, nous avons des magasins dans 43 villes d’Inde et en 2023, nous visons 200 villes, se réjouit le directeur commercial. Nous venons d’ouvrir une usine qui porte nos capacités de fabrication à 400 000 scooters par an. »
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Les ventes de scooters électriques représenteront 90% des ventes en 2027
Depuis quelques années, les plaques d’immatriculation vertes se multiplient en Inde grâce à une baisse des prix et à des subventions gouvernementales. Sur le marché des rickshaws, le véhicule trois roues utilisé en masse par les Indiens, 50% des ventes sont aujourd’hui électriques. Sur le marché des scooters, l’électrique devrait passer de 15% des ventes à 90% en 2027.
De quoi susciter de l’espoir dans un pays qui compte six des dix villes les plus polluées au monde. Mais comme partout, la mobilité verte ne tient pas du miracle, avertit Avinash Chanchal, de Greenpeace India.
« L’Inde dépend à 70% du charbon pour l’électricité. Il faut absolument passer aux énergies renouvelables pour recharger ces véhicules. Il faut aussi développer les transports en commun, car les routes indiennes sont déjà surchargées, souligne Avinash Chanchal. Il est impératif de développer une filière industrielle et de recyclage autour des batteries. Sans cela, on ne va faire que déplacer la pollution. »
Toujours à Bangalore où l’on compte de nombreuses start-ups du secteur, la start-up Log9, spécialisée dans les nanomatériaux, veut produire des batteries durables.
« Dans l’état actuel des technologies, un véhicule électrique peut être encore plus polluant qu’un diesel ! Nous avons mis au point des batteries en graphène synthétique. Ces cellules fonctionnent un peu comme les batteries Lithium-Ion, mais ses propriétés chimiques lui permettent de durer dix fois plus longtemps, explique Pankaj Sharma, cofondateur et dirigeant de Log9. Et pour plus d’impact environnemental, nous voulons équiper en priorité le secteur logistique comme les livreurs, dont les véhicules sont très sollicités. »
Lancée en 2017, Log9 ne vend pour l’instant que 500 de ses batteries par mois, mais a décroché un contrat avec le géant indien de l’automobile Hero. La jeune pousse fait sortir une nouvelle usine de terre pour peser dans l’immense marché qui s’ouvre sur le sous-continent.
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