Pays-Bas: les exploitants agricoles sous serres étouffés par les prix de l'énergie
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On la présente souvent comme la Silicon Valley de l’agriculture : la région du Westland aux Pays-Bas. C’est sur cette terre d’innovation que les Néerlandais ont développé la culture sous serres, ce qui fait du pays aujourd'hui le deuxième exportateur mondial de fruits et de légumes, derrière les États-Unis. Mais avec l’augmentation des prix de l’énergie, les factures de gaz ont explosé et c'est tout un secteur qui est en difficulté.

Leo Van Der Lans garde le sourire. Les temps sont pourtant durs pour son entreprise. À l’abri de ses serres, des tomates s’alignent à perte de vue. Pour qu’elles poussent en hiver, la technique est bien connue de sa famille depuis des décennies : une température ambiante, des néons pour remplacer la lumière naturelle... Mais tout cela consomme beaucoup trop d’énergie.
« Le problème, c'est que les prix du gaz sont incroyablement hauts. On est passé de 15 à 20 centimes d’euros le mètre cube, à 1,60 ou 1,70 euro, relate l'agriculteur. On a même atteint à un moment 2,50 euros ! C’est beaucoup trop pour faire pousser des tomates. »
Léo Van Der Lans n’a donc pas le choix : pour faire des économies, ils vont devoir freiner leur production. « On limite notre utilisation des lumières artificielles et on va aussi retarder la plantation de certains plants de tomates, explique-t-il. Cela devrait nous permettre de réduire de 20 à 25% notre consommation de gaz par rapport à ce qu’on consomme habituellement »
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« Nos producteurs ne peuvent pas faire face »
D’après l’association Glastuinbouw, qui représente les professionnels du secteur, les exploitants agricoles sous serres ont dû réduire leur consommation de gaz de près d’un quart. « La situation sur le plan énergétique évolue trop vite en ce moment. Et nos producteurs ne peuvent pas faire face, explique Jean Aerts, spécialiste en énergie. On estime qu’ils ont dû réduire leur production sur 40% de leurs parcelles. Nous sommes en crise aujourd’hui. » Et cela se ressent déjà, avec cet hiver moins de tomates, de poivrons ou de concombre néerlandais exportées vers les supermarchés européens.
Les fleurs, autre produit phare issus des serres des Pays-Bas, sont aussi touchées. Woutert Duijvesteijn cultive des chrysanthèmes. Il fait le choix de l’innovation. « Nous avons changé tout notre système d’éclairage pour le remplacer par des LED, expose-t-il. Ça nous permet de réduire notre consommation d’énergie de 50%. Ici, nous avons aussi une machine alimentée en gaz, qui produit de l’électricité. Lorsque la demande est forte, on revend une partie de cette électricité à des entreprises. On évolue, on s’adapte et on innove. Mais notre défi, c'est vraiment d’aller vers moins de gaz. »
Woutert en est sûr : d'ici cinq à dix ans, les Néerlandais sauront une nouvelle fois innover sous leurs serres pour se passer totalement du gaz.
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