Québec: les demandeurs d'asile confrontés au manque de services
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Selon certaines projections, 50 000 personnes seraient arrivées au Canada l'an dernier en empruntant le Chemin Roxham, une route de campagne en théorie interdite entre les États-Unis et le sud du Québec. Des Haïtiens, des Mexicains, des Colombiens, des Congolais empruntent ce passage, car il leur permet de demander l’asile. La politique canadienne très restrictive d’octroi de visas limite les demandes à l’aéroport. Le problème, c’est que les organismes d’accueil manquent de ressources pour fournir un hébergement d’urgence et aider les migrants dans leurs démarches. Plusieurs doivent se résoudre à dormir dehors faute d’un toit disponible.

De notre correspondante à Montréal,
« On est obligés de refuser beaucoup de gens. Sur toute l’île de Montréal, on est trois organismes à faire de l’hébergement pour des familles demandeuses d’asile », explique Eva Garcia Turgeon. Elle coordonne le Foyer du monde, qui accueille une vingtaine de familles venues au Canada pour demander protection. Une goutte d’eau dans l’océan de migrants qui fuient leur pays pour aboutir à Montréal.
À chaque semaine, on cogne à notre porte avec des personnes qui sont en pleurs, des femmes avec leurs enfants qui ne savent pas où aller dormir, où passer la nuit, parce qu’il n’y a rien, il n’y a aucune option pour elles. Là, c’est l’hiver qui s’en vient. Donc, ça fait peur, ça fait vraiment peur, parce qu’on n’a pas de ressources, et on n’a pas assez d’aide, pour pouvoir accueillir ces personnes-là.
Depuis la réouverture des frontières avec les États-Unis, les demandeurs d’asile passent à nouveau par un chemin frontalier interdit, mais connu de tous, au sud du Québec. Ces dizaines de milliers de personnes arrivent à Montréal, une ville où le prix des appartements explose, comme l’explique cette Mexicaine d’origine. « Le problème, c’est qu’on a une crise de logement, et le propriétaire chaque jour augmente le loyer parce qu’il y a une demande. Je voudrais que le gouvernement aussi s’implique parce qu’il y a beaucoup de propriétaires qui sont abusifs », dit-elle.
Les enfants vivent mal leur acclimatation
Confrontés à un manque de services à leur arrivée au Canada, de nombreux demandeurs d’asile vivent difficilement leur acclimatation. Arthur Durieux, qui a fondé l’organisme d’hébergement Le Pont, constate que les conditions difficiles sur la route affectent aussi les enfants.
Des jeunes enfants de 5 ou 6 ans qui ne parlent pas, qui sont soit très violents, soit très affectueux avec des personnes qui ne sont pas leurs parents ou leurs familles. On a des enfants qui ne grandissent plus, les parents nous disent ils ont arrêté de grandir, ils ne mangent pas correctement, ils dorment plus. Faire pipi au lit, faire des cauchemars, crier, tous les enfants qu’on a vus, on a observé des rapports de ça.
Maria a dû fuir le Nicaragua et laissé son fils de 6 ans, après avoir été harcelée par la police lors des dernières élections. « Je n’avais plus accès à mes médicaments, le stress augmentait, mon moral était affecté », explique Maria. « Un jour, ils sont venus chez moi, en mettant tout à sac, et en me volant. Sur le mur, ils ont écrit des menaces de mort. C’est là que j’ai décidé de partir rapidement pour le Canada, pour ne pas mourir. »
La jeune femme prépare sa demande d’asile, en espérant faire venir son fils d'ici à deux ans, si elle l’obtient.
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